En 2020, les élus de la communauté urbaine ont invité les habitants à réfléchir à des propositions concrètes en faveur de la transition écologique. Puis à voter pour celles à mettre en œuvre d’ici à 2026. 63 actions avaient alors été retenues. Bilan de ces assises hors norme.

Ici, boulevard du Bon Pasteur, à Angers. (Photo: Jérémy Fiori/Angers Loire Métropole)
"On ne peut pas réussir la transition écologique uniquement à quelques-uns. Il ne suffit pas de faire un vote à 100 élus pour changer les habitudes de 300 000 habitants. Tout le monde doit se sentir concerné." Cette conviction du président d’Angers Loire Métropole Christophe Béchu est à l’origine de la concertation citoyenne sur les enjeux environnementaux, lancée en 2020. Ces Assises de la transition écologique ont permis aux habitants de l’agglomération de réfléchir à des propositions concrètes. Ces suggestions concernaient sept domaines du quotidien : logement, alimentation, déplacements, travail, consommation, santé et épanouissement.
Au terme de cette consultation, en mars 2021, plus de 1 000 contributions ont été déposées avant d’être traduites en 135 actions. Ces dernières ont ensuite été soumises au vote. 8 637 foyers représentant 20 000 habitants ont alors sélectionné 54 actions, complétées par neuf propositions "jokers" voulues par les élus de la communauté urbaine. Parmi les 63 mesures de cette feuille de route 2021-2026, trois se sont distinguées, fortes d’une grande majorité de votes. La proposition "Végétaliser nos villes afin de lutter contre les effets des canicules" a ainsi été choisie par 77 % des participants (plus de 6 500 votes). Elle s’est traduite, par exemple, par la végétalisation des cours de récréation dans les écoles ou encore par la volonté de limiter la bétonisation des sols. Mais aussi, à Angers, par le plan Nature en ville et, à l’échelle de la communauté urbaine, par le plan d’adaptation au réchauffement climatique. Les deux visent à protéger le patrimoine arboré, favoriser une gestion durable des espaces végétalisés ou encore créer des îlots de verdure et donc de fraîcheur.
La mesure "Renforcer les aménagements cyclables séparés des autres flux et sécuriser les carrefours" a été retenue par 72 % des votants (plus de 6 000 votes). Pour la mettre en œuvre, Angers Loire Métropole, sous la bannière irigovélo, construit progressivement un réseau cyclable pour parcourir le territoire. Il est composé d’infrastructures sécurisées, en grande partie séparées des voitures, et entièrement jalonnées par un marquage au sol. Deux axes sont déjà terminés. Quatre autres seront livrés en 2026. Les cinq derniers d’ici à 2030.
Sanctuariser les zones humides
L’action "Protéger nos espaces sauvages, nos bocages et sanctuariser nos zones humides" a été sélectionnée par 70 % des contributeurs (presque 6 000 votes). Le plan Biodiversité et Paysages d’Angers Loire Métropole, adopté en novembre 2023, a ainsi mis en place l’inventaire participatif des arbres remarquables en vue de les répertorier et de les protéger. L’inventaire des zones humides, récemment achevé, a dénombré près de 1 000 espaces à préserver. L’Atlas de la biodiversité, lancé en mai 2024, recense la faune et la flore locales pour assurer sa sauvegarde.
“La transition écologique est devenue le fil vert de toutes nos actions, souligne Corinne Bouchoux, vice-présidente d’Angers Loire Métropole en charge de la Transition écologique. Les assises ont posé les bases d’un changement de paradigme.”
Bilan des assises : quelques chiffres-clés
Le nombre d'espèces végétales et animales recensées au lancement de l’Atlas de la biodiversité intercommunal en 2024.
La longueur totale du réseau cyclable (pistes, bandes et voies vertes) praticable dans la communauté urbaine (chiffre décembre 2024).
Le nombre de composteurs individuels distribués depuis 2022, ce qui porte leur nombre à 28 265 dans toute l’agglomération.
Les Repair Cafés répartis dans le territoire pour offrir une seconde vie à ses objets. Le chiffre a presque doublé depuis 2022.
Le nombre de bus qui roulent grâce au biogaz, sur 145 véhicules en circulation. 12 autres seront livrés en 2026 pour remplacer progressivement la flotte diesel.
Sur un total de 30 000 à rénover, le nombre de luminaires désormais équipés de led avec la possibilité de moduler leur intensité à distance. Ces nouveaux lampadaires permettent d’économiser 70 % d’énergie.
"Une vision dynamique de l’écologie"

Corinne Bouchoux, vice-présidente en charge de la Transition écologique
Les Assises de la transition écologique, lancées en 2020, ont-elles été à la hauteur de vos espérances ?
Plus encore. Elles ont été un vecteur formidable pour co-construire une politique écologique qui associe tout le monde, communes et quartiers, habitants, associations et élus. Nous avons réussi à travailler tous ensemble et à créer une mobilisation. Elles ont été comme un fil vert qui nous a permis de maintenir une vie démocratique et politique à l’époque du Covid où il n’y avait plus rien. Nous avons fait
de ces assises une forme de résilience.
Certaines propositions des habitants vous ont-elles surprise ?
La votation massive a traduit deux choses : les habitants ont un réel intérêt pour la transition écologique et ils veulent être accompagnés sur ce chemin.
Que reste-t-il à mettre en œuvre ?
Maintenant que nous avons réalisé des aménagements, lancé des politiques, nous devons travailler à changer les habitudes du quotidien. Comment faire évoluer les pratiques dans une famille en matière de déchets ou de déplacements ? Comment inciter les salariés d’une entreprise à favoriser le covoiturage, le vélo ou les transports en commun ? L’idée serait d’étendre les plans de mobilité aux PME et de continuer à soumettre des défis aux habitants pour essayer de faire autrement, sans voiture. Le transport constitue l’une des grandes sources d’émissions de gaz à effet de serre. Le but ultime serait que la voiture ne soit plus associée à l’idée de liberté ou d’efficacité.
Quels sont les leviers pour changer les habitudes ?
Beaucoup d’échanges avec les citoyens comme le travail porté par la collectivité auprès des écoles pour inciter les parents à déposer leurs enfants autrement qu’en voiture. Comme le futur programme Ambition, qui poussera les copropriétaires à réfléchir ensemble à la manière d’avoir un mode de vie plus décarboné dans le traitement de leurs déchets ou dans la rénovation de leur logement. C’est aussi inviter tout un chacun à intégrer davantage de sobriété dans son quotidien et ses projets.
Faut-il également prendre des mesures plus radicales pour réduire notre empreinte carbone ?
La radicalité est propice à réunir quelques personnes sous un étendard mais elle n’est pas le moteur du changement. Nous travaillons avec des universitaires, des psychologues, des sociologues… Tous nous disent que la radicalité n’est pas la solution. Il faut donner envie. Donner envie de changer petit à petit ou d’oser essayer. Se rendre au travail à vélo une fois par semaine, deux fois, et puis, sous la pluie. Ces micro-changements sont la solution pour une évolution durable, sans se décourager, sans se braquer. L’enjeu est de véhiculer une vision dynamique et positive de l’écologie.