Découvrez le territoire avec

, Ouvre une nouvelle fenêtre

Publié le 09 avril 2024

Le projet alimentaire territorial d'Angers Loire Métropole s'appuie sur les producteurs locaux, les circuits courts et la solidarité. Le but : mieux se nourrir et redonner du sens à son alimentation.

Bien manger, de saison, local, quels que soient ses moyens. L’ambition du projet alimentaire territorial d’Angers Loire Métropole, initié en 2019, est toujours d'actualité. Le 21 février, la communauté urbaine et 41 partenaires institutionnels, privés et associatifs des filières agricoles et alimentaires ont signé une charte d’engagement, témoignant leur attachement à faire prospérer cette vision commune. Avec des objectifs fixés à l’horizon 2030 : augmenter la part de l’agriculture durable dans le territoire et dans nos assiettes, et faire progresser l'autonomie alimentaire. “L’alimentation est un sujet vital, au sens propre du terme. Élus, professionnels et habitants, nous sommes tous concernés et acteurs à notre niveau, souligne Dominique Bréjeon, vice-président en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation. Donner du sens à notre alimentation, c’est préserver notre santé, soutenir les agriculteurs du territoire, réduire notre impact carbone par la vente en circuits courts, restaurer nos paysages en augmentant la part de notre agriculture durable...” 

Autant de pistes déjà valorisées par les habitants lors des Assises de la transition écologique en 2020. Forte de ces convictions, Angers Loire Métropole entraîne avec elle les forces vives du territoire. Elle finance ainsi l’accompagnement d’agriculteurs qui ont des projets durables, avec la Chambre régionale d’agriculture et le Groupement des agriculteurs biologistes et biodynamistes du Maine-et-Loire (Gabb Anjou). La part des produits locaux dans les assiettes cuisinées par Papillote et compagnie pour les écoles et les crèches atteint désormais les 55 % et le bio 32 %. Dans l’agglomération, les points d’accès en circuits courts et en vente directe se multiplient dans les petites et moyennes surfaces, sur les marchés, dans les boutiques et drives de produits fermiers, par la fourniture de paniers de légumes… 

Accéder à une alimentation saine et locale est aussi une question de solidarité. L’association Jardin de Cocagne angevin, à Saint-Barthélemy-d’Anjou, s’est ainsi associée au Centre communal d'action sociale (CCAS) d’Angers pour la distribution de fruits et légumes aux 500 bénéficiaires de l’opération Mon p’tit marché. Le CCAS de Beaucouzé s’appuie, quant à lui, sur les producteurs de la commune pour approvisionner l’aide alimentaire. Du champ à l’assiette, chacun relève le pari d’une alimentation durable pour tous.

Vers une restauration toujours plus vertueuse

Présent dans dix-neuf communes d’Angers Loire Métropole, l’établissement public Papillote et compagnie assure la préparation des repas pour la restauration collective des enfants, de la crèche au CM2 en passant par les accueils de loisirs. “Les jours d’école, notre cuisine centrale prépare 13 500 repas pour 110 restaurants”, détaille la directrice Sophie Sauvourel. Inaugurée en 2022 dans les Hauts-de-Saint-Aubin, à Angers, cette cuisine a une particularité : “C’est la première de France à avoir entièrement banni le plastique pour les barquettes de conditionnement au profit de bacs en inox.” Une initiative bien en phase avec les engagements de l’établissement, soucieux de prendre en compte tous les enjeux environnementaux de l’alimentation. 

Ainsi, alors que la loi Égalim impose une politique d’achats de 50 % de produits durables et de qualité dont 20 % de bio, Papillote et compagnie présente des ratios respectivement de 58 % et 32 %. “Cela représente bien sûr un surcoût, que nous compensons par une action forte pour réduire le gaspillage, notamment dans le cadre du projet alimentaire territorial, avec le programme de sensibilisation Alimen’Terre”, poursuit Sophie Sauvourel. Les résultats sont là : entre 2019 et 2023, le gaspillage par enfant et par jour est passé de 110 48 grammes. Le projet alimentaire territorial fixe aussi le prochain cap à atteindre, à savoir 80 % de produits locaux et 50 % de bio en 2030. “Nous avons la chance d’être au cœur d’un territoire agricole diversifié, conclut la directrice. Seuls certains aliments ne peuvent pas être cultivés localement, comme le riz ou encore les bananes et les ananas.”

Accompagner l’installation de nouveaux agriculteurs

Après une carrière dans l’informatique comme programmeur, Paul-Henri Prodhomme est aujourd’hui installé à Sainte-Gemmes-sur-Loire, à la ferme du Bois de Leppo. Une exploitation d’un hectare et demi longtemps laissée en friche, seulement pourvue d’une serre des années 1970. “Il y a encore beaucoup de travail mais c’est une très bonne terre, à la confluence de la Maine et de la Loire.” Sans fonds pour l’acquérir, il a bénéficié de l’appui de la commune, qui a acheté la surface le temps de lancer l’activité, avant de la céder à la coopérative Passeurs de terres. “J’ai pu à chaque étape bénéficier d’un accompagnement, notamment par la Coopérative d’installation en agriculture paysanne et le Groupement des agriculteurs biologistes et biodynamistes”, souligne Paul-Henri Prodhomme. Autant d’organismes soutenus par Angers Loire Métropole, via le projet alimentaire territorial. 

Le nouvel agriculteur a commercialisé sa première récolte en mai 2023 : des paniers proposés en vente directe à partir d’une quarantaine de variétés de légumes, “cultivés en bio et en agroécologie pour favoriser les interactions bénéfiques aux cultures.” À noter, toujours dans cette démarche citoyenne, que des chantiers participatifs sont régulièrement organisés, ouverts à tous, pour poursuivre l’aménagement de l’exploitation.

En savoir plus sur boisdeleppo.fr, Ouvre une nouvelle fenêtre

En chiffres

41

Le nombre des acteurs des secteurs agricoles et alimentaires signataires de la charte d’engagement du projet alimentaire territorial d’Angers Loire Métropole.

50 %

L'objectif de la part d’alimentation durable, dont 20 % de bio, dans l’assiette des habitants, selon la feuille de route du projet alimentaire territorial.

40 %

La part de surface agricole utile avec une forte qualité environnementale projetée à l’horizon 2030.

"Chacun prend en compte l’importance des objectifs du projet alimentaire territorial"

Dominique Bréjeon, vice-président en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation

Le projet alimentaire territorial est né en 2019. Quel est le chemin parcouru ? 
Nous avons rencontré et rapproché les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation : producteurs, transformateurs, distributeurs, institutionnels, associations… Angers Loire Métropole, par ses compétences, ne peut être le seul acteur de la transition alimentaire. La présence de 41 partenaires engagés à nos côtés est la preuve que chacun prend en compte l’importance des objectifs du projet alimentaire territorial et de sa propre contribution pour y parvenir.

Quels défis restent à relever ? 
En matière d’agriculture, le foncier agricole et la transmission des exploitations. Le Zéro artificialisation nette (ZAN)* sera un outil précieux pour la préservation du foncier. Concernant l’installation de nouveaux agriculteurs, nous avons testé plusieurs approches, comme la mise en relation d’exploitants et de repreneurs. Dans ces deux domaines, il faudra trouver de nouveaux leviers et des pistes d’innovation. Mais je suis optimiste car, en matière d’alimentation, on voit plusieurs avancées. 

Quels sont les projets qui suscitent votre optimisme ? 
Papillote et compagnie est exemplaire dans le secteur de la restauration collective. Autant par les 55 % de produits locaux et 32 % bio servis dans les cantines, que par la sensibilisation à l’anti-gaspi et l’éducation au goût. Des initiatives naissent partout dans le territoire pour pouvoir cultiver sa propre nourriture, acheter en direct auprès des producteurs, développer l’aide alimentaire… La somme de ces actions a un impact direct auprès des habitants, en leur permettant de manger mieux et local. 

*Le ZAN s’appliquera à partir de 2050. Il sera alors interdit de construire sur des espaces naturels, sauf à “renaturer” des sols déjà artificialisés à proportion égale.