Mercredi 22 octobre, une vingtaine d'étudiants, membres de l'association Pegase, ont réalisé un comptage de salamandres au parc Saint-Nicolas à Angers. Inscrite dans le cadre d'une étude au long cours, l'opération témoigne des nombreuses actions destinées à mieux connaître la biodiversité du territoire.
Le rendez-vous était donné en début de soirée, avec lampe frontale de rigueur, aux abords du parc Saint-Nicolas à Angers. Le temps : pluvieux, comme prévu par la météo. "Les salamandres sortent beaucoup plus quand il pleut", indique Marie Cabanes, présidente de l'association étudiante Pegase. Avec une vingtaine de condisciples, elle participe à une opération de comptage de salamandres tachetées, dans le cadre d'une étude au long cours. "Le recensement a lieu chaque année depuis 2018", précise André Rey, trésorier de l'association, en master "gestion de la biodiversité". Et la méthode est éprouvée : deux sorties sont réalisées, et chaque spécimen rencontré est identifié par une photo. “La répartition des taches est unique à chaque individu, explique André Rey. Un logiciel permet de comparer les salamandres observées lors des deux sorties. Si les deux échantillons se recoupent largement, cela indique que la population globale est faible. A l'inverse, l'observation d'échantillons très différents d'une sortie à l'autre indique une population importante.”
Répartis en six groupes, les étudiants se mettent en route sur des itinéraires différents pour quadriller le parc. "La période de reproduction vient de commencer, explique Marie Cabanes. C'est le moment où les salamandres se rapprochent de l'eau pour y pondre leurs œufs. Mais contrairement à ce que l'on pense, c'est une espèce exclusivement terrestre : ses courtes pattes ne lui permettent pas de nager." D'abord faible, la pluie s'intensifie au fur et à mesure de la progression. Les salamandres commencent à sortir de leur cachette. D'abord un adulte de bonne taille, d'une quinzaine de centimètres. Marius, l'un des étudiants du groupe, approche son téléphone, à la verticale pour avoir une vue parfaite sur les deux lignes jaunes presque continues qui caractérisent l'animal. Marie hésite : il est situé un peu trop à l'extérieur du chemin d'observation. "Pour que la comparaison soit valable, les deux sorties doivent respecter un périmètre strictement identique." Tant pis, cette première rencontre ne sera pas notifiée.
Spécimen rare
La pluie s'intensifie encore tandis que la soirée avance. De plus en plus d'animaux sont visibles : des crapauds, une grenouille, et bien sûr les salamandres qui, d'abord discrètes, se montrent elles aussi de plus en plus. En contact via WhatsApp, les différents groupes se tiennent au courant de leur progression. Marie sourit en découvrant la photo d'un spécimen presque exclusivement jaune : “C'est très rare. L'an passé on en avait repéré deux autour de l'étang, c'est sans doute l'un d'eux qui est encore là cette année.”
Sur l'ensemble de la sortie, 77 individus auront été observés. Un résultat qui en soi ne permet aucune conclusion : le temps long est nécessaire pour donner une indication sur l'évolution de la population, tenir compte du cycle de chaque espèce ou encore des conditions propres à chaque observation. Quelques années sont encore à prévoir pour mener l'étude à terme, pour autant de sorties à la frontale, sous la pluie évidemment.
Espèce protégée
Comme la quasi-totalité des batraciens, les salamandres sont une espèce protégée. Elles ne doivent être ni capturées ni manipulées. Ce qui serait de toute façon une mauvaise idée, leur peau étant susceptible de créer des irritations.
Atlas de la biodiversité
Angers Loire Métropole a engagé fin 2023 la réalisation d'un atlas de la biodiversité. Jusqu'à 2026, des actions sont menées pour mieux connaître la faune et la flore locales, en lien avec vingt-deux communes et de nombreux partenaires du territoire. Tout un programme d'animations est proposé pour permettre la participation des particuliers.