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Publié le 27 février 2023

120 actions pour faire face au changement climatique et continuer à vivre bien dans le territoire malgré le réchauffement planétaire et ses nombreux effets, c’est tout l’objet du Plan d’adaptation au changement climatique voté en janvier par les élus communautaires.

"Tout sera passé au crible pour minimiser le réchauffement des logements: leur exposition traversante nord-sud, les vitrages… En toiture, nous préconisons, par exemple, de la ouate de cellulose qui garantit dix heures de protection par forte chaleur, contre deux heures avec de la laine de verre. Pour la construction, la terre crue permet d’emmagasiner la fraîcheur de la nuit pour la restituer le jour", explique Eric Gérard, directeur de l’agence immobilière de l’économie sociale et solidaire ICEO, basée à Nantes. Son projet conçu en partenariat avec la Soclova, référent de l’immobilier et du logement social à Angers, compte parmi les six lauréats des Bretonnières.

D’ici à 2025, ce nouveau quartier émergera au nord d’Angers et s’annonce comme le démonstrateur de ce qu’il faudra faire, sur le plan des méthodes constructives et de la biodiversité, pour vivre confortablement malgré le dérèglement climatique. Sur près de dix hectares, le projet d’ICEO et de la Soclova prévoit 83 maisons et logements accessibles à la propriété, dont une vingtaine en habitat participatif. "Notre proposition constructive est ambitieuse, surtout dans ce contexte de hausse des prix des matériaux. Elle doit en effet être accessible au plus grand nombre et permettre aux ménages de la classe moyenne, voire modeste, de devenir propriétaire d’un logement ou d’une maison à un quart d’heure du centre-ville d’Angers", poursuit le promoteur.

Evénements climatiques sévères

A l’extérieur aussi, la biodiversité fera l’objet de toutes les attentions: des prairies plutôt que des pelouses, des arbustes pour y accueillir oiseaux et micro-faune et des arbres de grand déploiement pour l’ombre et la fraîcheur. "Associer les habitants à leur futur habitat est déjà une manière de s’adapter au changement climatique, le vivre ensemble et la solidarité étant des composantes fondamentales de la ville de demain", assure de son côté Emilie Rabaron, responsable du développement à la direction patrimoine et développement de la Soclova.

Le futur quartier des Bretonnières n’est qu’une illustration du Plan d’adaptation au réchauffement climatique (PACC) dont vient de se doter la métropole. Suite aux événements climatiques sévères subis en 2022 et au regard des vulnérabilités du territoire face aux fortes chaleurs, à la sécheresse, la hausse des températures, aux mouvements de sol ou encore aux rendements agricoles en baisse, ce plan vise la résilience dans tous les domaines et sera l’affaire de tous.

Soutenir les milieux naturels

"Il ne dit pas comment nous allons faire pour infléchir drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, nos objectifs en la matière sont déjà forts. Il liste, en revanche, ce qui est et va être mis en œuvre pour nous aider, ainsi que nos milieux et nos infrastructures, à faire face au nouveau contexte climatique", précise Corinne Bouchoux, vice-présidente en charge de la Transition écologique et des Mobilités. Ce nouveau plan doit aussi s’entendre en réaction à l’été 2022, marqué par des incendies ravageurs comme celui qui a frappé 700 hectares de la forêt de Baugé début août, ou encore aux risques d’inondation consécutifs au ruissellement des eaux pluviales.  

Le Plan d’adaptation recense 120 actions et concernera toutes les politiques publiques qui s’y rattachent. Il liste ainsi des solutions pour développer les corridors de biodiversité structurants, pour soutenir les milieux naturels, pour permettre l’infiltration des eaux de pluie dans des sols durcis par la sécheresse, etc. Un large chapitre est d’ailleurs dédié à la ressource en eau. "Ce plan nous parle de notre quotidien et de la manière dont nous allons vivre avec des hivers plus froids, des étés plus chauds, sans renoncer à notre qualité de vie mais en étant plus sobres. C’est vraiment l’affaire de tout le monde", conclut Corinne Bouchoux.

Planter le bon arbre au bon endroit

"L’étude Sésame a l’avantage de considérer les arbres et les arbustes sous l’angle de leurs bienfaits et des services qu’ils nous rendent dans le contexte du réchauffement climatique. La hausse des températures implique de se poser les bonnes questions: quels arbres pouvons-nous continuer à planter? Quelles espèces résisteront mal à notre climat futur? Quels arbres et arbustes choisir pour tel ou tel aménagement, selon que l’on soit en centre-ville ou encore en zone péri-urbaine?", explique Pierre-Emmanuel Robert, chargé d’études à la direction des parcs, jardins et paysages de la Ville d’Angers et d’Angers Loire Métropole.

Planter le bon arbre au bon endroit: c’est tout l’enjeu de l’étude Sésame, inscrite au Plan d’adaptation au changement climatique, que vient de commander Angers Loire Métropole au Cerema. Cet établissement public a notamment vocation à accompagner le déploiement des politiques publiques liées à la transition écologique.

Consolider la trame verte et bleue

Une centaine d’essences d’arbres et arbustes sera ainsi étudiée, histoire aussi d’y voir plus clair sur leur capacité d’accueil de la biodiversité: "On sait que le chêne est l’ami des animaux, il accueille toutes sortes d’oiseaux et d’insectes utiles à l’écosystème et à son équilibre, poursuit le spécialiste. A l’inverse, le sapin est moins propice à la biodiversité mais il améliore grandement la qualité de l’air en fixant diverses particules. Chaque arbre a ses avantages et ses limites, poursuit le technicien. Or, pour continuer à développer la trame verte et bleue dans notre territoire, et charpenter ainsi des corridors de biodiversité solides, nous devrons planter des essences diversifiées, résistantes et résilientes."

Loin de l’esthétisme, c’est plutôt l’arbre utile que vise l’étude Sésame. Celle-ci livrera des données complémentaires, sur le volet de la santé par exemple. "Les bouleaux et noisetiers sont à l’origine d’allergies. Les fiches issues de cette étude seront des références pour la végétalisation des cours d’école, par exemple", conclut Pierre-Emmanuel Robert.

Et la ressource en eau dans tout ça?

L’eau, qu’elle soit pluviale ou potable, occupe une place majeure dans le Plan d’adaptation au changement climatique. "Notre dépendance à la Loire est très claire. Cette question concerne tout autant les particuliers que le monde économique et l’irrigation agricole", explique Jean-Paul Pavillon, vice-président en charge du Cycle de l’eau et de la Gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi). "D’ici à 2025, Angers Loire Métropole devra trouver des solutions pour diversifier ses sources d’approvisionnement. Des partenariats pourraient par exemple être envisagés avec les territoires voisins et les syndicats d’eau", ajoute l’élu, également président du Syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme (SMBVAR). En parallèle, Angers Loire Métropole maintient ses investissements pour améliorer le rendement de ses réseaux d’eau et d’assainissement. Dans quelques semaines, des pistes visant à maîtriser la demande en eau potable seront présentées. "Face à la sécheresse, la consommation d’eau potable a baissé de 10% l’été dernier dans notre territoire, la preuve que nous pouvons le faire."

En chiffres

150

Le nombre de partenaires qui se sont mobilisés pour écrire le Plan d’adaptation du changement climatique. Celui-ci recense 120 actions: un tiers déjà réalisé ou en cours, un tiers réalisé d’ici à trois ans, le dernier correspondant à des actions de long terme.

19

Le nombre d’actions proposées puis retenues par les citoyens à l’issue des Assises de la transition écologique, visant à faire face au dérèglement climatique. Celles-ci sont inscrites à la feuille de route sur laquelle Angers Loire Métropole s’est engagée, l’an dernier, et qui en contient 63 au total.

"Ce plan irrigue toutes nos politiques publiques"

Questions à Corinne Bouchoux, vice-présidente en charge de la Transition écologique et des mobilités

En quoi ce nouveau plan est-il différent des autres actions mises en œuvre au profit de la transition écologique?
Le Plan d’adaptation au changement climatique ne dit pas comment nous allons nous y prendre pour réduire nos émissions de CO2 et atténuer notre impact sur la planète. Ces questions, nous les traitons déjà au travers, par exemple, du Plan Climat Air Energie depuis 2020 ou encore de la feuille de route issue de la consultation des citoyens à l’occasion des Assises de la transition écologique. Ce plan est complémentaire et irrigue toutes nos politiques publiques: espaces naturels et espaces verts, mobilités, voirie, eau et assainissement... Il liste tout ce qui est ou sera entrepris pour ne pas renoncer à vivre bien, mais plus sobrement, face à des hivers plus rudes et des étés plus chauds. Cent vingt actions y sont inscrites.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples?
Ce plan parle du quotidien et apporte des solutions concrètes. Les arrêts de bus et stations de tramway seront par exemple ombragés, là où ce sera nécessaire, pour permettre aux usagers de continuer à utiliser les transports en commun dans de bonnes conditions. Parfois, les actions seront plus longues à se concrétiser, car des études sont indispensables. Exemple avec celle qui portera sur le ruissellement des eaux pluviales. Outre la plantation de haies qu’Angers Loire Métropole va soutenir financièrement auprès des agriculteurs, cette étude nous dira où et comment agir pour permettre à l’eau de pluie de rester là où elle tombe, afin d’éviter les ruissellements et les inondations. Il y aurait beaucoup d’autres exemples à citer.

S’agit-il d’un outil pédagogique?
Lire ce plan permet de savoir ce que notre collectivité entreprend pour faire face au réchauffement planétaire et à ses nombreux effets sur notre territoire, sur la santé, sur notre dépendance à l’eau, sur les actions qui aideront à multiplier les îlots de fraîcheur dans l’espace public, etc. Il faut le partager largement. L’été dernier, nous avons tous constaté les températures en forte hausse, la sécheresse, les incendies … Ce plan peut aider à lutter contre l’éco-anxiété, notamment des plus jeunes.