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Publié le 26 septembre 2022

Maire d’Angers depuis le 18 juillet, Jean-Marc Verchère est désormais aussi président de la communauté urbaine. Il succède à Christophe Béchu, désormais ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Rencontre autour des enjeux et des priorités pour Angers et son territoire.

Monsieur le ministre, arrivez-vous à garder un œil sur Angers et son territoire?

Christophe Béchu: Les responsabilités que j’ai désormais sont tellement intenses que j’y consacre toute mon énergie. Ces dernières semaines, j’ai dû prendre mes marques, mais le rythme qui sera le mien ménagera toutes les semaines, sans exception, un temps pour suivre les dossiers angevins. C'est un moyen de garder un contact avec le réel. La ville, c'est l'endroit de la mise en application des politiques nationales. Or, trop souvent, nos concitoyens, à raison, et même nous les élus, nous nous plaignons parfois d’un certain décalage. Celui d'avoir des textes théoriques qui sont difficiles à appliquer. Pour éviter de tomber dans ce travers, je veux garder ce lien permanent avec Angers qui est le bon endroit, le bon échelon pour mesurer l'impact de nos décisions et les besoins des politiques nouvelles à conduire.

Qu’avez-vous emporté de votre expérience angevine au ministère?

Christophe Béchu: Le territoire angevin est un exemple. C’est vrai dans beaucoup de domaines, en particulier celui de la transition écologique. La cuisine centrale zéro plastique que nous venons d’inaugurer en est un. C’est aussi vrai sur la végétalisation et la déminéralisation des cours d'école. Et, pour mémoire, le soir du conseil municipal de passation, le 18 juillet, nous avons présenté à deux voix, Jean-Marc Verchère et moi, le plan sur la modération des températures et de la climatisation dans les bâtiments publics. Sachant que les mesures prises au cours du premier mandat avaient déjà permis de diminuer de 15% les dépenses de fluides de nos collectivités.
Jean-Marc Verchère: C’est vrai que nous avons déjà beaucoup œuvré en faveur de la transition écologique ces dernières années. Je pense par exemple à la plantation de milliers d’arbres et la création de forêts urbaines, à la production de biogaz à l’unité de dépollution des eaux usées de La Baumette, ou encore à l’extension des réseaux de chaleur qui alimentent logements et équipements. Ces chaufferies au bois utilisent une énergie décarbonée.
Christophe Béchu: Il faut s’inspirer de ce qui fonctionne sur le plan local, relever aussi de ce qui ne marche pas. J'ai toujours eu la conviction que les territoires étaient la solution pour notre pays. Notamment dans la lutte collective que nous menons contre le réchauffement climatique. Nous allons avoir besoin de toutes les bonnes idées, car il est indispensable d’accélérer dans ce domaine.

Le choix de Jean-Marc Verchère pour vous succéder, en tant que maire et président de la communauté urbaine, a semblé tout naturel…

Christophe Béchu: Quand je choisis Jean-Marc Verchère comme premier adjoint et que j’annonce, avant les élections de 2020, qu’il aura vocation à être mon bras droit et à me remplacer si je dois être appelé à d'autres responsabilités, il n’y a pas de secret. Ma joie, ma satisfaction, c'est qu’il ait accepté. Il est mon remplaçant naturel, à la fois en termes de connaissance des dossiers, de point d'équilibre dans l'équipe municipale et d'expérience, notamment au sein de la communauté urbaine grâce aux responsabilités qu'il a exercées comme maire de Saint-Mathurin-sur-Loire.

Je suis honoré et enthousiaste. Angers et son territorie méritent qu'on se mobilise.

Jean-Marc Verchère

Quel est votre état d'esprit au moment d'accepter cette double mission?

Jean-Marc Verchère: Je suis honoré et enthousiaste. La lourdeur de la charge peut sembler impressionnante, mais Angers et son territoire méritent qu’on se mobilise. J’y consacre toute mon énergie et même un peu plus. C'était déjà le cas hier. Je suis fier de travailler pour Angers, fier de succéder à Christophe Béchu et fier de poursuivre notre action au plus près des habitants.

Comment définiriez-vous votre style?

Jean-Marc Verchère: Je pense être pragmatique, moins dans l'abstraction que certains peuvent cultiver. Ce qui me caractérise, c’est peut-être ma connaissance du territoire accumulée depuis cinquante ans, en tant que technicien puis comme élu.
Christophe Béchu: J’ai envie d’ajouter que la patte Verchère, c’est pour moi le souci permanent de l’efficacité. Sans esbrouffe. Je retrouve l’ingénieur qu’il a été dans sa vie professionnelle avec le souci constant de la démonstration. Il n’est jamais venu me voir dans mon bureau en me disant qu’on allait réduire une rue de quatre à trois voies puisque cela passait selon les études. Il préférera toujours réaliser un aménagement provisoire pour être sûr que cela fonctionne.

Avec le concours des habitants?

Jean-Marc Verchère: Évidemment, dès que c’est possible. Je suis persuadé que la proximité avec les habitants est un atout. Je souhaite maintenir la rencontre avec les Angevins en proposant une matinée sans rendez-vous par trimestre, dans un premier temps. Je vais également relancer les réunions de quartier une fois par mois. Quant aux temps de concertation sur les projets à venir, ils se poursuivent également.

Allez-vous revoir certaines priorités, en ajouter d’autres?

Jean-Marc Verchère: L’actualité estivale nous impose la plus grande vigilance. Concernant le réchauffement climatique, il y aura un avant été 2022 et un après. Cela confirme la nécessité de poursuivre la politique que nous menons déjà en matière de transition écologique. Plus globalement, je souhaite mettre en œuvre l’intégralité du projet présenté aux Angevins en 2020. La tenue de nos engagements fait partie de notre ADN. Même si le Covid est venu fortement perturber les deux premières années du mandat, notre engagement reste ferme en faveur du renouvellement urbain des quartiers Monplaisir et Belle-Beille, de la culture et de l'éducation. Pour cela, je peux compter sur une équipe soudée à mes côtés et sur le dévouement et l’efficacité des agents qui sont une vraie plus-value. 
Christophe Béchu: J’insiste sur la notion d’équipe, essentielle à mes yeux. Hier, je n’étais pas seul. J'étais au sein d’une équipe de 49 femmes et hommes. Elle est toujours là. Ce qui change, c’est celui qui l’incarne, celui qui porte la voix des élus auprès de la population, celui qui explique les décisions prises. Etre maire, c’est être confronté tous les jours à des événements que vous n’imaginiez pas.

Comme, par exemple, la hausse des dépenses d’énergie, la maîtrise de l'eau et la gestion des fuites…

Christophe Béchu: Sur ces sujets, on a la chance de ne pas partir de rien. On recense 20% de fuites d’eau sur le plan national, ce qui est un chiffre frappant. À l’échelle de la communauté urbaine, nous ne sommes qu’à 10% et ce ratio ne cesse de diminuer grâce à notre politique d’investissement. Notre ambition est d’accélérer le rythme de renouvellement des canalisations. Sur ce sujet comme tant d’autres, le développement du territoire intelligent est une partie de la réponse. Demain, il y aura des capteurs afin de repérer rapidement les points de fuite.
Jean-Marc Verchère: Le remplacement des candélabres est un autre exemple parlant. A l’échelle de la communauté urbaine, cela permettra une baisse de 68% de nos factures d’énergie. C’est une chance d’avoir déjà lancé, fin 2019, ce grand projet au regard des prix de l’électricité aujourd'hui. Tout ce travail s’accélère et nous continuons de regarder comment aller encore plus loin dans la sobriété.

La Ville d’Angers et Angers Loire Métropole ont-elles anticipé ce surplus de dépenses énergétiques?

Jean-Marc Verchère: La situation est tellement inédite que personne ne peut prévoir jusqu’où va aller cette crise et quand elle va s’infléchir. Une chose est sûre, nous avons des atouts pour faire face.
Christophe Béchu: Une collectivité ne fonctionne pas comme un particulier. Elle négocie, par contrat, un prix pour une durée. Ce qui permet de la protéger. Jusqu’à présent, nous avons fait des choix sécurisés. Nous rentrons cependant dans un tourbillon. Il y aura des impacts, mais le contexte que nous vivons vient valider toutes les décisions prises depuis des années d’investir dans la sobriété énergétique. Le plan Énergie-Bâtiments, voté en juillet, est le dernier exemple en date.
Jean-Marc Verchère: Ou encore le fait d’avoir, en dix ans, divisé par quatorze les dépenses d'électricité liées aux décorations de Noël en systématisant le led et en réduisant les horaires d’allumage. C’est spectaculaire. En matière d’énergie, un tas de questions s’invite. Nous y travaillons, regardons attentivement les évolutions et nous adaptons.

Nous gardons un cap clair avec deux préoccupations constantes: les plus fragiles et la transition écologique.

Christophe Béchu

Dans le domaine de la transition énergétique, qu'est-ce que le maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole attend du ministre?

Jean-Marc Verchère: De la même façon qu’Angers, lieu d'expérimentation et d'anticipation, peut éclairer le ministère, nous allons être attentifs à ce que le gouvernement va mettre en œuvre pour accompagner les collectivités. Au niveau des financements, nous n’irons pas chercher plus que ce dont nous avons besoin, mais il est important qu'on ait l'œil et l’avis du ministre.
Christophe Béchu: Le fond vert d’un milliard et demi d’euros à destination des collectivités, annoncé par la Première ministre, a pour objectif de lutter localement contre les effets et les causes du réchauffement climatique. Il pourrait tout à fait accompagner la Ville d'Angers dans son programme de végétalisation des cours d’école. À ce sujet, la Ville n’a pas attendu le soutien de l’État pour lancer son plan.

Quels sont les dossiers prioritaires que vous avez placés en haut de la pile?

Jean-Marc Verchère: Ceux définis dans notre programme: la transition écologique, le renouvellement urbain et la culture. Réussir la mise en service des nouvelles lignes de tramway, dans quelques mois, est une priorité car c’est un projet structurant, qui change tout en matière de déplacements, de rapport à la ville. Plus largement, il y a également les halles à Cœur de Maine, le début des travaux sur Rives vivantes… En résumé, nous continuons à transformer la ville et le territoire.
Christophe Béchu: Nous gardons un cap clair avec deux préoccupations constantes. Les plus fragiles tout d’abord. Je rappelle que la première décision prise au début de ce mandat a été d’abandonner une partie de nos indemnités d’élus pour augmenter les aides du centre communal d’action sociale. Et la transition écologique, dans la continuité des Assises dont la feuille de route est actée.