Angers Loire Métropole renouvelle son contrat local de santé pour cinq ans. Son spectre est large : santé mentale, environnementale, accès aux soins… Et la concrétisation de ses objectifs passe par le soutien à des structures et à des actions de proximité.
La CLCV est l’une des nombreuses associations subventionnées dans le cadre du contrat local de santé (CLS) d’Angers Loire Métropole. Ce dernier a été renouvelé pour cinq ans lors d’un vote au conseil communautaire. Il sera porté par un Centre intercommunal d’action sociale et par un budget renforcé (100 000 € par an) pour développer, coordonner ou soutenir des initiatives. Le CLS 2025-2029 implique un certain nombre de partenaires*. Sa feuille de route a pour priorité l’accès aux soins, la prévention, la santé mentale et environnementale. Elle prend aussi en compte l’importance de l’hygiène alimentaire et de l’activité physique. Ses objectifs tendent à améliorer la santé des habitants en veillant à réduire les inégalités sociales et territoriales.
Ainsi, le CLS accompagne, facilite ou impulse chaque année des actions de proximité partout dans les communes. Dernièrement, les associations Léo-Lagrange, qui promeut le sport adapté à tous, ou les Chiens guides d’aveugles de l’Ouest ont reçu un coup de pouce financier. Tout comme l’association Eoliharpe pour son atelier Musicamix, au centre Jean-Vilar, à Angers. Celui-ci rassemble tous les publics autour du chant : ceux qui vont bien comme les malades, les personnes isolées, en situation de handicap mental ou physique…
"L’idée est de se concentrer sur la musique et de laisser ses problèmes à l’entrée de la salle", explique Claire Bossé, chanteuse à l’origine du projet. “Les participants apprennent à prendre leur place dans un groupe et retrouvent confiance en eux. Le travail de la voix, de la respiration, leur permet de se sentir plus sereins. Certains nous disent qu’ils dorment mieux après une séance par exemple. Musicamix crée aussi du lien. Certains se réunissent ensuite pour une manifestation culturelle ou un pique-nique. Ce genre d’atelier amorce un retour progressif à la vie collective.”
*Parmi les partenaires : l’Agence régionale de santé, l’Assurance maladie, la Caisse d’allocations familiales, la préfecture et le département de Maine-et-Loire, le Centre de santé mentale Césame, le centre hospitalier universitaire d’Angers, la mutualité sociale agricole.
La thérapie par le travail du bois et la navigation
Après avoir exprimé son humeur du jour, chacun vaque à ses occupations. Samy, Arthur et Hoang s’emparent d’une râpe à bois pour raboter les étraves. Étape indispensable pour ensuite encoller les lattes en cèdre rouge et en frêne. Progressivement, un canoë prend forme, façonné par les patients du centre de santé mentale (Césame) de Sainte-Gemmes-sur-Loire. Depuis trois ans, l’association Gabarre-toi organise des chantiers navals thérapeutiques. Cette initiative unique en France est encadrée par Vincent Guillerm, infirmier au Césame, et Bernard Royer de Véricourt. Ce pair-aidant, diplômé en charpenterie de marine, a surmonté des années de détresse psychique. Il a trouvé son salut dans la menuiserie et la restauration de bateaux.
De son expérience sont nés ces ateliers qui font désormais partie intégrante du parcours de soins au Césame. "Quand on crée quelque chose avec ses mains, toute la problématique de la gestion des émotions est concentrée dans le travail", explique-t-il. Pendant huit mois, quatre adultes et quatre adolescents s’attellent à leur mission. "Ils partent d’une grande planche de bois. Chaque groupe construit une moitié de coque. Elle est ensuite assemblée, puis mise à l’eau, explique Vincent Guillerm. Les patients connaissent des rechutes tout au long de l’expérience mais ils savent qu’on leur garde toujours une place."
Retrouver le pouvoir d’agir
Cet apprentissage du bois offre de la stabilité et du temps à ces personnes parfois en rupture familiale, professionnelle et sociale. Il permet de renouer avec certaines capacités cognitives comme la concentration, la faculté d’adaptation, la dextérité ou la mobilisation de connaissances, souvent mises à mal par la maladie. Mais aussi de retrouver le pouvoir d’agir. La preuve par l’exemple. "Un ancien patient avait commencé un CAP menuiserie abandonné en raison de faits de harcèlement scolaire alors que les premiers symptômes de sa maladie, la schizophrénie, apparaissaient. Il est venu construire un canoë et s’est réconcilié avec la menuiserie. Il a repris son CAP. Aujourd’hui, il travaille. Une adolescente était en rupture scolaire depuis deux ans. Elle a découvert, grâce au chantier, qu’elle était douée de ses mains. Elle s’est engagée dans un CAP métallerie. Leurs trajectoires sont porteuses d’espoir pour tous les autres", souligne Vincent Guillerm.
Pour prolonger cette expérience, les deux encadrants organisent depuis 2023 des séjours thérapeutiques à la voile, soutenus financièrement dans le cadre du contrat local de santé d’Angers Loire Métropole. Quatre patients partent en mer quatre jours sur un voilier au large de Lorient. Les skippeurs de l’association Jolokia leur enseignent la navigation. Accompagné par Vincent Guillerm et Bernard Royer de Véricourt, l’équipage apprend à barrer, choisir sa voile, monter la grand-voile… Mais aussi à gérer ses émotions, retrouver confiance en soi, en l’autre, à créer des liens, à sortir de ses habitudes… "Le chantier naval comme le séjour en mer prônent la thérapie par le travail manuel et l’engagement", estime Vincent Guillerm.
Création d’un Centre intercommunal d’action sociale
Le contrat local de santé (CLS) 2025-2029 sera mis en oeuvre par un Centre intercommunal d’action sociale. La création de ce CIAS, qui réunira l’ensemble des communes d’Angers Loire Métropole, a été entérinée en novembre. Son conseil d’administration comprend huit élus et huit personnalités qualifiées du Césame, d’Envie Anjou, de la Banque alimentaire de Maine-et-Loire, du Gérontopôle, du Secours catholique, de l’association Valentin-Haüy, de l’Union départementale des associations familiales de Maine-et-Loire et de la fédération des associations de l’ADMR pour l’aide à domicile en milieu rural. Ce CIAS ne remplace en aucun cas les CCAS existants.
Ses missions : réduire les inégalités territoriales en matière de vieillissement, s’investir pour la santé mentale, répondre aux problématiques d’accès aux soins… Son action, effective au second semestre 2026, devra être décidée à l’unanimité en commission regroupant les adjoints en charge des solidarités de chaque commune.
Du sport à tout âge, pour bien vieillir
Pratiquer la posture du chevalier, un genou à terre, pour éviter de se faire mal au dos en jardinant ou en ramassant un objet. Travailler son équilibre en levant un genou, les mains appuyées sur le rebord d’une chaise. Maintenir son centre de gravité en se penchant légèrement en arrière puis en avant, un bâton à l’horizontal entre les mains. S’entraîner à s’asseoir correctement. Apprendre à bien respirer, à déverrouiller ses genoux et son bassin, à fortifier ses jambes… Les 15 participants assidus de l’atelier sport adapté, à Saint-Lambert-la-Potherie, enchaînent les exercices. Non pas dans la douleur mais dans le rire ! Les sexagénaires et plus sont bien aidés par Jérôme Albert, éducateur sportif de l’association Siel Bleu, jamais à court de plaisanteries. L’entraîneur veille à corriger chaque posture, à reprendre les exercices pour qu’ils soient bien compris et intégrés.
Sport et bienveillance Mises en place par le CCAS de la commune en 2021, subventionnées dans le cadre du contrat local de santé d’Angers Loire Métropole, ces sessions hebdomadaires ont pour but d’accompagner le vieillissement par des jeux de réflexe, la prévention des chutes et un travail de mobilité sur chaise. "Les inscrits viennent pour l’activité physique mais aussi pour l’aspect bienveillant du cours et le lien social. Le sport se prolonge parfois par un goûter", explique Amandine Bonnin, directrice du CCAS de Saint-Lambert-la-Potherie. Depuis cette année, l’atelier sport adapté est complété par une séance mensuelle dédiée au bien manger, dispensée par une diététicienne.
En chiffres
Le nombre de professionnels de santé libéraux qui exercent sur le territoire d’Angers Loire Métropole. (chiffres 2023)
Dans l'agglomération, 1 habitant sur 8 est pris en charge pour des troubles de santé mentale. (chiffres 2021)
Le nombre d'actions de proximité engagées dans les communes, co-financées avec l’Agence régionale de santé dans le cadre du contrat local de santé 2019-2024.