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, Ouvre une nouvelle fenêtreDu volume de déchets produits à la valorisation du contenu des poubelles, Angers Loire Métropole agit à chaque étape pour limiter l'impact environnemental de ce que nous jetons. Un enjeu dont la réussite passe essentiellement par de bonnes pratiques au quotidien.
Chaque habitant d’Angers Loire Métropole jette 472 kg de déchets par an. Ce chiffre, moins élevé que celui de la moyenne nationale (582 kg par Français en 2023), peut toujours être amélioré. C’est pourquoi l’association angevine Zéro Déchet intervient auprès des écoles, collèges, lycées, universités et entreprises pour expliquer comment réduire son volume de détritus. "Ce sont des habitudes à changer progressivement mais pas tout d’un coup sinon c’est décourageant", souligne Lionel Chéry, bénévole de l’association. "Cela peut partir d’un défi que l’on se lance comme la volonté de diminuer le volume de plastique acheté", ajoute sa co-équipière Mélanie Garnier. "Réduire ses déchets ne doit pas être une contrainte. L’idéal est de trouver un équilibre qui semble tenable sur le long terme", insiste Lionel Chéry. Quelques exemples d’ordures fréquemment jetées et qui pourraient être évitées.
La bouteille en plastique
Certains magasins bio proposent des bouteilles consignées, à rapporter une fois vides. L’entreprise Le Fourgon, quant à elle, livre gratuitement l’eau, le lait, les sodas et autres boissons dans des contenants en verre consignés. Ils sont ensuite repris par l’entreprise, nettoyés et réutilisés à l’infini. À noter que Citeo, éco-organisme missionné par l'État pour réduire l'impact environnemental des emballages et papiers, lance, courant 2025, une expérimentation dans le Grand-Ouest pour réimplanter le principe de la consigne dans les supermarchés.
Le pot de yaourt en plastique
"Les pots de yaourt sont composés en partie de polystyrène, un plastique très difficile à recycler", explique Lionel Chéry. La meilleure solution reste de les faire soi-même avec une yaourtière, en réutilisant les mêmes contenants.
La boîte de gâteaux
Une boîte en carton qui contient une barquette en plastique qui contient des biscuits emballés individuellement… Cela représente beaucoup d’emballages pour généralement peu de gâteaux. L’alternative ? Les acheter en vrac, sans contenant, en apportant son propre sac. Certains supermarchés mais aussi plusieurs réseaux indépendants (voir la liste sur zerodechetangers.fr, Ouvre une nouvelle fenêtre) proposent cette formule dans l’agglomération angevine. Presque tout peut s’acheter en vrac : les féculents, la farine, le sucre, les céréales, les bonbons, les gâteaux sucrés et salés mais aussi les produits d’hygiène ou ménagers. Le plus : les prix en vrac sont souvent moins chers.
L’éponge double-face
La colle qui rattache la partie spongieuse à la partie rugueuse est polluante et se dissout lentement dans l’environnement. À privilégier : les brosses à vaisselle en bois, les éponges lavables ou les éponges en cuivre pour le côté grattant.
Le film plastique
Plusieurs alternatives pour éviter de jeter des kilomètres de film plastique à la poubelle : le beewrap à la cire d’abeille réutilisable et même compostable pour certains, une charlotte alimentaire lavable ou tout simplement utiliser un récipient hermétique.
Carton à pizza et boîte de kebab
Les clients peuvent demander à se faire servir nourriture et boissons à emporter dans leurs propres contenants. Les restaurants et cafés ont l’obligation légale de l’accepter, sauf si le récipient est "manifestement sale ou inadapté". Cette démarche économise des emballages aussitôt jetés après consommation de son repas. Car le tri, même s’il est vertueux, a un coût environnemental et financier pour la collectivité.
Des centaines de kilos de biodéchets arrivent quotidiennement sur le site de Moulinot, voisin d’Anjou Tri Valor, à Saint-Barthélemyd’Anjou. Des restes alimentaires issus de restaurants, de cantines, de marchés et de particuliers sont réceptionnés, permettant un premier contrôle visuel pour enlever les éventuelles erreurs de tri (verre ou sacs noirs). Ces biodéchets sont ensuite transportés vers un système de déconditionnement où le tri est encore affiné. Puis ils sont transformés en pulpe, laquelle est chauffée à plus de 70° C pour éliminer les pathogènes, "comme une pasteurisation", explique Édouard Van Heeswyck, directeur régional. Cette étape indispensable permet à Moulinot de transformer ce mélange organique en biométhane grâce à ses partenaires agriculteurs. Ils sont trois dans le Maine-et-Loire, dont un à Loire-Authion, équipés pour réaliser ce processus de méthanisation. Le gaz sert ensuite, par exemple, à alimenter les camions de Moulinot. Il peut aussi être injecté dans le réseau des particuliers (chauffage, cuisine…).
15 000 tonnes d’ici à quatre ans
Une partie des biodéchets est aussi transformée en compost répandu dans les champs. "Le compost alimentaire, riche en carbone, phosphore, azote est plus fertilisant que le compost végétal", complète Édouard Van Heeswyck. Installée en 2023 sur l’ancien site Biopole, l’usine traite 2 000 tonnes à l’année et vise les 15 000 tonnes d’ici à quatre ans. Les abribacs dédiés à la collecte de cette matière vont s’étendre à plusieurs quartiers de la ville d’Angers d’ici à la fin 2025. Les communes de la première couronne sont en cours d’équipement de bornes grutables. Le principe est simple : à chaque dépôt de biodéchets il faut verser une pelletée de broyat, cela permet de ne relever les bornes que tous les mois.
Pour un néophyte, la visite d’un centre de tri a quelque chose d'impressionnant. Pénétrer au sein de cette organisation colossale, c’est assister au lent cheminement d’un amas sans fin de cartons, papiers, plastiques, métaux… sur des tapis roulants qui ne s’arrêtent jamais. Une valse des déchets d’une efficacité redoutable pour éveiller les consciences. Chez Anjou Tri Valor, à Saint-Barthélemy-d’Anjou, le circuit traite plus de 30 000 tonnes d'emballages à l’année (dont la moitié provient du territoire d'Angers Loire Métropole). Une dizaine de machines les sépare selon leur taille, leur forme, leur poids (de brusques jets d’air chassent les plus légers) et leur matière. Un courant de Foucault écarte les emballages métalliques. Un aspirateur récupère les films plastiques. Des trieurs optiques détectent les différentes matières par faisceaux lumineux. En bout de chaîne, maillons indispensables, les employés du centre affinent la sélection, corrigent les erreurs que les machines n’ont pas su détecter.
Boule de pétanque et carcasse de chevreuil
Restent les déchets qui n’ont rien à faire dans un centre de tri. La part d’erreurs représente encore 22 % du volume jeté soit 3 368 tonnes sur les 15 794 tonnes collectées dans le territoire. Une vitrine sur le site conserve des exemples de détritus à bannir des conteneurs jaunes : les vêtements, à déposer dans une borne Apivet, les batteries de téléphone qui entraînent des départs de feu au centre de tri, une bûche, une boule de pétanque, un parpaing, une ponceuse tout aussi dangereuses et de la fi celle agricole à l'origine de panne si elle se coince dans les rouages d’une machine… Les agents ont même vu passer une carcasse de chevreuil.
Après la fermeture de l’ancienne usine Biopole et l’abandon du tri mécano-biologique, Angers Loire Métropole a dû trouver rapidement une autre solution pour éliminer ses déchets ménagers. La collectivité loue donc une place, qu’on appelle vide de four, dans un incinérateur propriété du Sivert, à Lasse, dans le Baugeois. Afin de mieux maîtriser les coûts de traitement aujourd’hui fluctuants et de garantir la prise en charge des déchets, Angers Loire Métropole, le Sivert, Tours Métropole et la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe ont décidé de construire un second four. L'objectif pour Angers Loire Métropole est de disposer de son propre four pour stabiliser le prix aux alentours de 100 euros la tonne mais aussi produire deux fois plus d’électricité.
Actuellement, les 120 000 tonnes de déchets incinérés chaque année à Lasse produisent 60 mégawatts, qui servent à chauffer quatre hectares de serres.
Le nombre d'années nécessaires à la dégradation d’une bouteille en plastique.
La part des déchets produits dans le territoire d’Angers Loire Métropole qui sont "valorisés", c’est-à-dire réemployés ou transformés.
Le nombre d'abribacs et bornes qui seront déployés en 2025 dans la ville d’Angers et en première couronne de l’agglomération pour collecter les biodéchets.
Jean-Louis Demois, vice-président chargé des Déchets et de l'Économie circulaire
Que peut-on encore améliorer dans le traitement de nos déchets ?
Réduire encore et toujours leur volume. Il faut mesurer l’impact environnemental du déchet parce qu’on ne le fait pas suffisamment. Même celui de notre tri. Le recyclage implique une démarche industrielle. C’est de l’énergie consommée. C’est aussi un coût financier.
À partir du 1er avril 2025, les passages en déchèteries seront limités à 24 par foyer et par an. Pourquoi ?
Nous voulons maintenir une fréquentation raisonnable de nos déchèteries. Le territoire d’Angers Loire Métropole compte 150 000 foyers, dont 83 000 possèdent un badge déchèterie. Durant l’année 2023-2024, 92 % des détenteurs de badge ont effectué au maximum 24 passages à l’année. Seuls 7 % accumulent entre 25 et 59 passages et 0,4 % dépassent les 60 passages. Donc avec 24 accès, nous couvrons les besoins des habitants. Les professionnels n’ont pas à décharger leurs matériaux et végétaux dans les déchèteries mais dans les espaces payants dédiés aux entreprises. Pour la minorité de particuliers qui dépasse les 24 passages, c’est une question d’habitudes à revoir.
Lesquelles ?
Dans la gestion des végétaux, par exemple. Certains propriétaires de grands terrains estiment qu’il faut évacuer les végétaux taillés tout de suite pour que leur parcelle reste propre. Ils se rendent donc toutes les semaines en déchèterie. Or, les végétaux se gardent très bien chez soi. Ils enrichissent le terrain. On peut les laisser se décomposer et utiliser ce compost pour refaire des cultures. On peut en faire du broyat à déposer aux pieds des arbres. Les déchèteries ne font rien de ces végétaux. Un prestataire les emmène dans le Baugeois où ils sont broyés pour en faire du compost. Cela implique un coût financier et environnemental à cause du transport.