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Publié le 06 novembre 2023

Angers Loire Métropole compte plus de 15000 emplois industriels, un chiffre qui monte… Alors que le besoin de souveraineté se fait de plus en plus sentir et que la réindustrialisation regagne du terrain en France, notre territoire accueille de très belles pépites industrielles qui ont en commun de réconcilier transition écologique et emplois, dans un esprit d’innovation. Rencontres avec quelques-unes d’entre elles.

VoltR prolonge la vie des batteries au lithium

La jeune entreprise VoltR vise juste et bien. La preuve: Leroy-Merlin, Manitou et des PME comme Pony lui font déjà confiance. En jeu, une idée a priori toute simple. “Quand la batterie au lithium de nos appareils électriques, vélos, trottinettes ou ordinateurs présente des signes de fatigue, on s’en sépare et elle prend le chemin du recyclage. Pourtant, celle-ci contient encore 80% de sa valeur résiduelle. Nos études prouvent qu’on peut la récupérer pour en faire d’autres batteries fiables et économiques, explique le directeur général, François Mallet. 94% des batteries au lithium sont achetées en Chine. Notre projet veut accélérer la transition écologique, la réindustrialisation du territoire et la souveraineté de notre pays.”

Si la première usine occupe une surface encore relative dans le vaste hangar du Technocampus, à Verrières-en-Anjou, VoltR veut aller vite. “D’ici à 2026, nous voulons ouvrir quatre usines en Europe et créer près de 500 emplois dont 200 à Angers”, précise Alban Régnier. Alban Régnier, c’est l’autre homme fort de VoltR. Il y a 12 ans, il créait Okamac à Angers, devenue le leader européen du reconditionnement des ordinateurs Mac (lire ci-dessous). “Pour l’heure, les batteries usagées sont récupérées par les professionnels du recyclage et des déchets, mais 50% du gisement global l’est aussi par deux éco-organismes désignés par l’État. Or, si ces flux étaient fléchés vers le reconditionnement, 70% des batteries usagées pourraient être reconditionnées au profit d’une économie circulaire”, argumente Alban Régnier. Le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, venu participer au lancement officiel de l’entreprise début octobre, l’a bien entendu: “Votre projet porte une espérance à la française. Elle rime avec économie, emplois de proximité et souveraineté qui permettrait à la France et à l’Europe de ne plus dépendre de pays dont nous ne partageons pas les valeurs.”
voltr.tech, Ouvre une nouvelle fenêtre

Okamac, une deuxième jeunesse pour les ordinateurs Apple

Experte en reconditionnement d’ordinateurs Mac, Okamac, implantée à Angers en 2019, est devenue le leader européen dans sa partie. Cette année, elle est aussi devenue lauréate du programme French Tech 2030 aux côtés d’une centaine d’entreprises françaises innovantes. Dans ses ateliers d’Écouflant, on garde la tête froide. Fin 2023, elle aura vendu 75000 machines reconditionnées à prix attractifs. “Outre le grand public, l’entreprise veut aussi séduire entreprises et collectivités soucieuses de leur politique environnementale, explique le directeur projets et développement, Ronan Guinaubault. Notre seul souci pour l’instant, c’est le manque de place, en attendant d’investir notre nouvelle usine en construction à Verrières-en-Anjou, en 2025.”

Pour autant la croissance d’Okamac ne cesse d’augmenter, de 30 à 40% en moyenne chaque année. De même que les effectifs: “Nous étions 50 il y a deux ans, aujourd’hui 110: 60% à la production, 40% au support et projets. Okamac a inventé l’ensemble du process de contrôle et de la remise en état des équipements”, poursuit le manager. Le constat est simple: “Plutôt que de se ruer sur le dernier né des Mac, les utilisateurs doivent s’interroger sur leurs besoins réels. Lorsqu’un ordinateur sort de chez nous, tout a été réparé, contrôlé, il est comme neuf. Même sa peinture est refaite si besoin. Alors pourquoi payer plus pour du neuf?”

Cette idée revient au fondateur de l’entreprise, Alban Régnier. “Il a commencé par réparer son propre ordinateur acheté sur internet en occasion et l’a revendu, et ainsi de suite jusqu’à lancer l’entreprise”, raconte son collaborateur. Pour s’assurer d’un bon sourcing, Okamac rachète des ordinateurs défectueux en provenance du monde entier, via des points de rachat agréés Apple. “Tout doit ensuite aller vite dans les ateliers. Avec le Black Friday et Noël, nous en vendrons de 400 à 500 chaque jour”, assure Ronan Guinebault. Pour les dénicher au meilleur prix, rendez-vous sur une quarantaine de plateformes de e-commerce et sur son site web.
okamac.com, Ouvre une nouvelle fenêtre

Avec Néolithe, le nouvel âge de la pierre

Les déchets industriels banals de chantier auraient-ils trouvé une voie alternative à l’incinération ou à l’enfouissement? Nicolas et William Cruaud et Clément Bénassy, co-fondateurs de Néolithe, y croient dur comme fer. En 2019, ils créaient l’entreprise Néolithe à Chalonnes-sur-Loire. L’idée en revient à William, ancien maçon tailleur de pierre et papa de Nicolas. En mars dernier, Néolithe installait sa première unité, à Avrillé. La ligne de production à l’œuvre permet de trier à nouveau finement ces “poubelles noires” de chantier avant de transformer les déchets restants en granulats minéraux, utilisables dans le béton et dans la sous-couche routière. “Le vrai sujet de Néolithe, c’est de faire chuter l’empreinte carbone des déchets industriels qui, une fois enfouis, libèrent du méthane, source de réchauffement planétaire. En transformant les déchets en pierres, on séquestre le carbone”, explique le directeur des affaires publiques, Quentin Laurens. Si la recette brevetée relève du secret industriel, Néolithe consent à parler de son processus innovant: “Celui-ci permet d’accélérer la fossilisation des déchets. En gros, nous broyons les déchets jusqu’à obtenir une fine farine à laquelle on ajoute un peu d’eau et un liant minéral.”

“Nous sommes convaincus que la lutte contre le changement climatique doit se faire à l’échelle industrielle. Si on réussissait à fossiliser nos 40 millions de tonnes de déchets, l’impact carbone français baisserait de 5%”, ajoute Nicolas Cruaud, président de l’entreprise. Sur ses 180 salariés, Néolithe en affecte une cinquantaine à la recherche et au développement dans la perspective de mieux connaître la nature de chaque type de déchet et finaliser le modèle final, d’ici à 2025. “Nos travaux portent sur le ‘tout-venant’ déposé dans les déchèteries et sur les ordures ménagères résiduelles, par exemple”, poursuit Quentin Laurens. En l’attente d’investir son nouveau siège social, à Beaulieu-sur-Layon, aux portes de l’agglomération, Néolithe table sur 200 salariés fin 2023 et s’apprête à boucler sa nouvelle levée de fonds de 60 millions d’euros.
neolithe.fr, Ouvre une nouvelle fenêtre

Pony, champion français de la location de trottinettes et vélos électriques

On se souvient peut-être de Pony Bike, les premiers vélos en libre-service à Angers. “C’était en 2017, à l’occasion du World electronic forum. Christophe Béchu cherchait alors à expérimenter un vélo connecté en libre-service en lien avec l’événement”, se souvient Paul-Adrien Cormerais, co-fondateur avec Clara Vaisse. Bingo: de 100 vélos, Pony Bike passe rapidement à 200. “Cela nous a permis de constater un réel besoin de changement dans les habitudes de déplacement”, poursuit le chef d’entreprise.

En 2019, nouvel essai transformé. Pony met en location ses 50 premières trottinettes dans l’espace public, à Angers. Accessibles depuis une appli, au tarif moyen au trajet de 2,90 euros, celles-ci cartonnent sans attendre, auprès des jeunes notamment. “Aujourd’hui, nos trottinettes et nos vélos réalisent un nombre de trajets équivalant à 3,7% des transports en commun. Ces six derniers mois, près de 44000 utilisateurs ont fait au moins un trajet sur une Pony à Angers. C’est rapide, écologique. On l’utilise en appoint du train, des bus ou du tramway ou pour des trajets de proximité”, ajoute le jeune entrepreneur.

Née à Angers, Pony s’exporte aujourd’hui très bien. “Tours vient de signer avec nous. Pony est présente en Belgique à Bruxelles, Namur, Liège et Charleroi où nous comptons 100000 utilisateurs, dans le pays basque ou encore à Poitiers, Bourges, Bordeaux, Paris, Lorient…”, précise Guillem Leroux, responsable des affaires publiques. Côté emplois, Pony compte 230 collaborateurs au total, dont 40 au siège à Angers, où travaillent également 20 personnes dans la logistique et à la maintenance sur le terrain. “Dans le territoire angevin, notre parc compte désormais 630 trottinettes, 350 vélos électriques et 250 vélos mécaniques”, conclut Paul-Adrien Cormerais.
getapony.com, Ouvre une nouvelle fenêtre

Apimani, six années de sourires

Cette année encore, Apimani (ex-J’aime mes dents!) représentera le territoire angevin au salon du Made in France, début novembre à Paris. Normal. L’entreprise a la particularité quasi unique en France de fabriquer des brosses à dents à tête interchangeable en bois issu de forêts gérées durablement de l’Est du pays. Quant aux poils des brosses, ils sont en nylon biosourcé à 60%. Depuis son lancement en 2017 dans le village Saint-Léonard, la pépinière d’entreprises d’Aldev, l’entreprise n’a cessé d’être rentable. Fin 2022, elle installait sa ligne de production dans la zone d’activités du Plessis-Grammoire. “Nous avons la capacité de fabriquer jusqu’à deux millions de brosses à dents par an, mais nous voulons progresser tranquillement. En 2023, nous en aurons produit près de 700000 sous notre nom et pour des sous-traitants dont de belles marques visibles sur internet, en magasins spécialisés ou en pharmacie”, sourient les cofondateurs Alexis Godicheau et Thomas Jeanvret. À ce jour, Apimani compte dix salariés et deux alternants et le recrutement récent d’une cheffe de produit va permettre le développement de ses autres produits écologiques: dentifrice à croquer, porte-savon aimanté, peigne en bois naturel, sauve-savon zéro déchet…
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Réindustrialiser est un besoin impérieux en matière de souveraineté et de réduction d’impact environnemental

Yves Gidoin, vice-président chargé de l’Emploi et du Développement économique, président d’Aldev

Le dernier baromètre annuel d’Arthur Loyd place Angers en tête des métropoles de même taille pour son attractivité économique. Qu’en déduisez-vous?
Quand l’agence Aldev a été créée, en 2015, le premier objectif était de donner un emploi à un maximum d’Angevins et de créer de la richesse. Depuis, on est passé de 103000 à 122000 emplois privés, soit +18,5%. Là est sûrement notre plus belle victoire. On le sait peu mais Angers est un territoire industriel avec 15000 emplois, soit 11%. C’est plus qu’à Nantes, Rennes... La question n’est pas de dire qu’Angers est meilleure que les autres, mais qu’elle est reconnue par les professionnels.

Pourquoi faut-il encourager l’industrie?
L’industrie reste un puissant levier de création d’emplois. Réindustrialiser est aussi un besoin impérieux en matière de souveraineté mais aussi de réduction d’impact environnemental. Dans cet esprit, Aldev accompagne l’implantation et le développement des industries. Exemple récent et symbolique: le premier site de production d’Expliseat à Avrillé. En effet, cette entreprise fabrique des sièges ultralégers pour les acteurs du transport, diminuant ainsi le poids des véhicules donc leur consommation de carburant. En parallèle, nous soutenons l’innovation comme c’est le cas pour Apimani (ex-J’aime mes dents!) au sein de notre pépinière du village Saint-Léonard, à Angers. Autre jeune entreprise qui s’y épanouit, Tchao Tchao, avec ses kits d’aménagement amovibles pour transformer sa voiture en mini van…

Mais le territoire manque de terrains, a fortiori dans l’objectif de la zéro artificialisation…
C’est un peu la rançon du succès. Le foncier à vocation économique se fait rare dans notre territoire. Dans ce contexte, Angers Loire Métropole a amorcé un travail de repérage des terrains artificialisés mais non utilisés. Il faut aussi savoir que chaque projet d’installation fait désormais l’objet d’une analyse fine sur les critères environnementaux, tant sur le projet de construction que sur l’activité, son process de production…

Repères

Dans le territoire d’Angers Loire Métropole, le nombre de salariés du secteur industriel s’élevait, fin 2022, à 15162 salariés, soit +2,22% par rapport à l’année précédente. À la même période, 596 industries y étaient recensées, un chiffre en hausse de 2,94%.