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Publié le 02 novembre 2022

Pour rétablir l’équilibre entre quantité et qualité des masses d’eau, Angers Loire Métropole et les syndicats de rivière oeuvrent à leur restauration et à la prévention des inondations.

Le constat est sec. A partir des années 50, les cours d’eau ont été malmenés en France. Les ruisseaux du bassin versant de la Maine n’y ont pas échappé: la main de l’homme les a modifiés à 95%, contribuant à son asséchement. "Dit autrement, 10% des masses d’eau seulement sont en bon état écologique dans notre territoire", assure Jean-Paul Pavillon, vice-président en charge du Cycle de l’eau et de la Gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi). Les remembrements, les aménagements hydrauliques et l’urbanisation ont en effet profondément perturbé la physionomie des milieux aquatiques. Sur le terrain, les cours d’eau perdent leurs fonctions d’auto-oxygénation; les zones humides ne sont plus irriguées, les nappes phréatiques et la capacité d’accueil de la biodiversité s’appauvrissent.

"Cette déconnexion des cours d’eau de leur lit majeur engendre des asséchements sévères en été et des écoulements brutaux lors des précipitations, explique Jean Rousselot, responsable du service Gemapi d’Angers Loire Métropole. Or, une eau qui s’écoule dans un écosystème en bonne santé, permet d’assumer ses fonctions bénéfiques à l’homme, à la nature et aux usages." Si elles ne sont pas nouvelles, ces questions, également liées au changement climatique, résonnent aujourd’hui encore plus fort.

Prévenir les inondations

Pour y répondre en tenant compte des réalités des territoires, l’Etat confiait, voici quatre ans, la restauration des cours d’eau et des zones humides aux intercommunalités. Dans ce même souci de cohérence territoriale, Angers Loire Métropole en a elle-même confié la gestion à trois syndicats mixtes de rivière (lire ci-dessous). Leur rôle? "Mener différentes opérations de restauration des milieux aquatiques, zones humides comprises, et oeuvrer pour la préservation et la reconquête de la quantité et la qualité de l’eau. La renaturation du ruisseau de Marcé en est un exemple", précise encore Jean Rousselot.  

Mais renaturer les milieux aquatiques ne suffit pas. En parallèle, il faut aussi réduire la vulnérabilité des logements et des personnes vivant ou travaillant en zone inondable et diffuser la conscience du risque. "Ce volet est capital, souligne encore Jean-Paul Pavillon. Aux Ponts-de-Cé par exemple, des référents de quartier ont pour mission d’alerter la population au porte-à-porte en cas de crise." Pour prévenir et informer, une multitude d’actions se déploie au sein de programmes spécifiques, appelés Papi (Programme d’actions de prévention des inondations). Leur volume financier est lié aux réalités du terrain. "Pour correspondre à un bassin de risque cohérent, notre ‘Papi’ de deux millions d’euros se concentre sur les Basses Vallées angevines et 34 communes. Dans ce périmètre, les inondations peuvent être provoquées par des crues de la Loire ou de la Maine, voire des deux en simultané, explique à son tour Elodie Gutierrez, chargée de mission au Syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme (SMBVAR).  Cela les distingue des communes ligériennes, comme Loire-Authion, Les Ponts-de-Cé, Sainte-Gemmes-sur-Loire… qui connaissent une montée lente du fleuve et sont protégées par un système d’endiguement pour partie d’entre elles."

L’entretien des milieux aquatiques et la prévention des inondations entrent dans le grand cycle de l’eau qui inclut aussi les eaux de pluie. "Sur ce sujet, il y a deux grands enjeux: permettre à l’eau pluviale de rester là où elle tombe et faire en sorte que ce qui retourne à la rivière ou à la Loire soit de bonne qualité", conclut l’élu communautaire.

Quels sont les syndicats de rivière ?

Les syndicats de rivière ont été créés en cohérence avec les bassins versants des cours d’eau, pour exercer une partie de la compétence de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (la Gemapi). Ceci depuis que l’Etat l’a déléguée aux intercommunalités, en 2018. Angers Loire Métropole siège au syndicat mixte du bassin de l’Authion et de ses affluents, au syndicat mixte Layon-Aubance et Louet, ainsi qu’au syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme, que préside l’élu communautaire Jean-Paul Pavillon.

"Mission Inondation", un jeu gratuit pour les 10 ans et plus

"Mission inondation" a retenu l’attention de plusieurs médias en France. Développé par le syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme (SMBVAR), avec l’aide d’Angers Loire Métropole, ce jeu vise à initier les enfants de 10 ans et plus aux gestes simples leur évitant de se mettre en danger en cas d’inondation.

Téléchargeable sur smartphone et tablette gratuitement, il a été imaginé par Elodie Gutierrez du syndicat mixte des Basses Vallées angevines et de la Romme, qui en a écrit le scénario. "Alex et sa famille emménagent dans une nouvelle maison en zone inondable. Tout semble avoir été prévu (surélévation du circuit électrique, batardeau…), mais une inondation importante les oblige à se réfugier dans un centre d’accueil. Les joueurs peuvent interagir avec le personnage d’Alex avant, pendant et après l’inondation", explique-t-elle.

Financé par l’Etat à 50%, par l’Union européenne à 30% et par le SMBVAR pour 20%, le jeu sera accompagné d’un pack scolaire à disposition des écoles primaires et des collèges, au printemps.

Le ruisseau de Marcé a retrouvé ses méandres

En octobre 2021, le ruisseau de Marcé, situé à l’est de la métropole, était le théâtre d’un grand remaniement. Objectif? Renaturer ce cours d’eau de 2,2 km que des travaux de recalibrage, liés à l’aménagement de l’autoroute A 11 et au remembrement, avaient malmené. "Le ruisseau n’était plus connecté à son lit majeur; son gabarit était devenu trop large et trop profond, explique Jean Rousselot, responsable du service de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi) à Angers Loire Métropole. Cela a eu pour conséquences de canaliser les eaux, d’assécher les zones humides associées, de limiter la recharge des nappes souterraines et de dégrader la qualité des eaux au détriment de l’écosystème."

A Feneu aussi, cet automne

800000 euros ont été nécessaires pour reconfigurer le ruisseau sur toute sa longueur: sur 500m au départ du bourg de Marcé jusqu’au passage de l’autoroute, et sur les 1700m situés en aval jusqu’à la route Baugé-Tours/Seiches-sur-le-Loir. Son tracé a été remodelé sur deux mètres de large et 50 cm de profondeur; ses berges, reboisées. Les méandres ont été recréés alors que le ruisseau était devenu plutôt rectiligne, empêchant tout débordement. En aval de l’A11, à Seiches-sur-le-Loir, le fond du lit a été réhaussé pour reproduire le faciès d’écoulement d’une rivière naturelle et diversifier les vitesses du courant ainsi que la profondeur nécessaire au développement de la biodiversité alentour.

Fin octobre, la renaturation du ruisseau de Marcé a été saluée par le Prix du génie écologique. Deux chantiers de même nature vont se dérouler prochainement: cet automne sur le ruisseau de la Fontaine-Rouillée, affluent de la Mayenne à Feneu; et l’année prochaine sur La Coudre, affluent de la Romme à Saint-Jean-de-Linières (Saint-Léger-de-Linières).

Quelle gestion des digues de la Loire et de ses affluents ?

En plus de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations, les intercommunalités sont en charge de la gestion des digues (voir cartographie dans cette page). Pour s’y employer, Angers Loire Métropole s’est inscrite dans le Projet d’aménagement d’intérêt commun porté par l’Etablissement public Loire, à l’échelle de la Loire et des intercommunalités ligériennes volontaires. La collectivité a délégué à ce même organisme la gestion des digues de Vernusson et du Petit-Louet.

La prochaine échéance veut qu’en 2024 les intercommunalités, dont Angers Loire Métropole -via l’Etablissement public Loire notamment- se voient attribuer la responsabilité de la grande levée de la Loire. “Dans le périmètre de notre métropole, les digues de la Loire s’étendent sur 25 km. 20000 personnes et 3000 entreprises vivent et travaillent dans ces zones inondables situées sur la grande levée de la Loire, prolongée par les digues de Belle-Poule, du Petit-Louet et de Vernusson, explique le vice-président, Jean-Paul Pavillon. Le volume des travaux prévus, de l’ordre de 100 millions d’euros sur la seule grande levée de la Loire par exemple, ne permet pas d’envisager une reprise en gestion directe de manière sereine. De plus, les travaux réalisés jusqu’alors par l’Etat ne sont pas conformes à ses engagements inscrits dans les Plans Loire IV et V."

Dans le cadre d’un partenariat ligérien, incluant les intercommunalités du Maine-et-Loire, du Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire, Angers Loire Métropole avait signé, l’an dernier, une motion visant à obtenir des garanties financières de l’Etat.

"Préparer les populations exposées et réparer nos milieux aquatiques fortement dégradés"

Jean-Paul Pavillon, vice-président en charge du Cycle de l’eau et de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations)

Après un été aussi sec, notre territoire doit-il craindre des inondations?
La sécheresse rend les sols peu aptes à recevoir de l’eau aujourd’hui. Elle accentue le risque de débordement et de ruissellement. Notre compétence nous impose de veiller, préparer les populations exposées et réparer nos milieux aquatiques fortement altérés.

Avez-vous déjà eu à gérer ce type de crise?
En février 2021, une brèche s’était formée sur la digue du Petit-Louet aux Ponts-de-Cé. Avec l’aide de l’Etablissement public Loire, nous avons proposé une évacuation aux personnes concernées. A 10h, les travaux ont commencé et à 18h, le gros de la crise était géré. Cet épisode nous rappelle qu’il faut diffuser la culture du risque auprès des populations en zone inondable. Des missions essentielles sur lesquelles nous travaillons avec les maires et les syndicats de rivière qui gèrent notre bassin versants.

La Loire et ses affluents ne connaissent pas les frontières administratives. Avec qui travaillez-vous?
Sur la question du cycle de l’eau, c’est encore plus vrai. On ne peut pas raisonner territoire par territoire. Nos communes sont rattachées au grand bassin de la Loire, lui-même dépendant de celui de la Vienne. Nous dépendons aussi de ce qui se passe au Puy-en-Velay et dans le Massif central avec la fonte des neiges. Nous travaillons ainsi avec l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, l’Etablissement public Loire, les syndicats de rivière, le Département et toutes les intercommunalités ligériennes.

Angers Loire Métropole a hérité de la gestion des eaux pluviales en janvier. Quel est le lien avec le grand cycle de l’eau?
L’enjeu aujourd’hui, c’est de permettre aux eaux de pluie de rester là où elles tombent pour se stocker notamment dans les nappes phréatiques.  Nous y parviendrons en désimperméabilisant les sols. L’eau qui tombe du ciel ruisselle et va à la rivière, cela soulève donc aussi la question de la qualité de l’eau pour laquelle nous portons tous une responsabilité. Particuliers, monde économique, agriculteurs: chaque citoyen a un impact direct sur la masse globale et la qualité de l’eau. C’est cela qu’il faut absolument réussir à faire comprendre.

Le chiffre

52,4

En millions d’euros, l’enveloppe qui vient d’être allouée au programme d’actions de prévention des inondations (Papi) des Vals d’Authion et de la Loire, relatif aux communes ligériennes du territoire.

Animé par l’Etablissement public Loire, de 2023 à 2028, celui-ci intègre notamment des travaux sur les digues et des outils de réduction de la vulnérabilité des logements et des habitants. Dans ce cadre, Angers Loire Métropole mènera des diagnostics sur les logements concernés. En parallèle, le Papi des Basses Vallées angevines et de la Romme, doté de deux millions d’euros pour la période 2021-2026, comprend 74 actions au bénéfice de 34 communes. Cela a déjà permis, par exemple, d’engager des études de vulnérabilité sur des bâtiments publics de la Ville d’Angers, comme la résidence autonomie Grégoire-Bordillon ou le musée Jean-Lurçat.