À l’ouverture des nouvelles lignes, à l’été 2023, on estime à 72000 le nombre de voyages qui seront effectués chaque jour sur le réseau de tramway (contre 34000 aujourd’hui). Les trois lignes circuleront alors du nord au sud, d’Avrillé au quartier Roseraie, via la ligne A; de l’ouest à l’est, de Belle-beille à Monplaisir, via la ligne B; et offriront une option, depuis la station Molière, pour rejoindre la gare Saint-Laud en passant par la place du Ralliement, via la ligne C.
Dès la fin de cette année, les gros travaux seront terminés, le temps sera venu de percevoir les bienfaits du tramway et de ses aménagements sur l’environnement et le cadre de vie. Car au-delà du mode de transport pratique, confortable et écologique, une ligne de tramway, arborée et engazonnée à 80%, comme ce sera le cas pour les lignes A et B, suppose "une présence végétale supplémentaire, au profit d’une ville plus verte et plus durable”, comme le souligne Corinne Bouchoux, vice-présidente en charge de la Transition écologique et des Déplacements.
Moins de béton, plus de terre
Il est vrai qu’on ne construit plus, aujourd’hui, un tramway comme on le faisait voici dix ans. "Notre obsession a été de concevoir une plate-forme ferrée perméable. Cela consiste à diminuer la quantité de béton entre les rails au profit d’une épaisseur de terre plus importante. Cela favorise le contact direct du gazon avec un sol naturel et les réserves d’eau qui s’y trouvent. Cette technique permet de réduire la température de la plateforme, au profit du monde du vivant qui peut s’y développer plus aisément", explique le paysagiste Guillaume Sevin.
Économies d’arrosage
Son agence, située à Angers, a été désignée par Angers Loire Métropole pour concevoir la végétalisation des nouvelles lignes de tramway et ses abords directs, de bout en bout. "Les tramways plus anciens circulent sur des plate-formes en béton. Celles-ci sont recouvertes de gazon, mais leur sol est imperméabilisé. Les techniques utilisées aujourd’hui permettent de réduire les apports en eau, de l’ordre de 50 à 60%, selon les études menées sur la nouvelle ligne B", poursuit Guillaume Sevin. "C’est un bon point pour l’économie des ressources, la transition écologique, sans oublier l’expérimentation que nous menons rue Lakanal", signale à son tour Salvatore Vargiu, architecte paysagiste à l’agence Sevin.
Sur le terrain, ce dernier travaille étroitement avec les maîtres d’ouvrage Angers Loire Métropole et Alter Public, la direction parcs, jardins et paysages de la Ville d’Angers et d’Angers Loire Métropole, et les entreprises (Robert Paysage, Neptune Arrosage, ID-Verde et Edelweiss). "Ensemble, nous choisissons un par un les arbres qui sont plantés sur le parcours du tramway. Tous proviennent de pépinières du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique, précise-t-il. À ce jour, 70% des arbres sont plantés le long des nouvelles lignes de tramway sachant que, début 2023, 1198 arbres, très exactement, l’auront été."
"Au-delà des chiffres, c’est la grande diversité des essences qu’il faut retenir: 32 genres d’arbres pour 82 espèces, précise Guillaume Sevin. Nous avons privilégié des arbres de belle dimension, capables de résister à la sécheresse et de se déployer librement sans tailles répétitives. Le choix des espèces et des variétés se fait aussi en fonction du gabarit des rues."
Le saviez-vous ?
- Chauves-souris et oiseaux
Pour mener les travaux, cinq arbres ont dû être abattus en 2017, place La Rochefoucauld à Angers. Cela aurait pu avoir un impact réel sur le peuplement de chauves-souris qui y gîtaient, au printemps et en été, durant la phase de mise bas et l’élevage des jeunes, ainsi que pour les oiseaux comme les mésanges, grimpereaux, pics... Pour compenser ces habitats, trois gîtes et trois nichoirs à oiseaux ont été installés sur des arbres du quai Monge. - Mobilités douces
La réalisation d’une ligne de tramway favorise les déplacements à pied ou à vélo, en parallèle ou en complément des transports en commun. En septembre 2023, le réseau Irigo d’Angers Loire Métropole sera ainsi renforcé en offres de service et harmonisé en vue de faciliter le passage d’un mode de déplacement à un autre. La réalisation des nouvelles lignes de tramway s’accompagnera par ailleurs de la création de 9,6 km de voies cyclables et de 6,2 km d’espaces piétonniers supplémentaires. - Alimentation électrique
Le tramway fonctionne à l’énergie électrique; il ne rejette donc aucun polluant. Dans une partie du centre-ville d’Angers, l’alimentation électrique se fait par le sol, sur le reste du tracé (soit 8 km), celle-ci se fait via une ligne aérienne de contact.
Arrosage au goutte-à-goutte
À l’heure du réchauffement climatique et de la nécessaire transition écologique, l’optimisation de l’arrosage sur une ligne de tramway de 10 km n’a rien d’anodin. Depuis un an, Angers Loire Métropole fait l’expérimentation d’une technique de subirrigation, également testée à Paris sur les extensions de tramway. "Elle consiste à remplacer les arroseurs extérieurs traditionnels d’aspersion par un goutte-à-goutte inséré à une toile enterrée à 10 cm sous la surface du gazon", explique Jean-François Malaquin, directeur de l’entreprise Neptune Arrosage. L’expérimentation concerne la rue Lakanal vers le terminus, à Belle-Beille.
En chiffres
Le nombre d’arbres présents le long des nouvelles lignes de tramway à l’issue des travaux. 1198 très exactement auront été plantés d’ici à début 2023.
La surface perméable de la plateforme ferrée, soit quatre fois la superficie de la place du Ralliement. Au total, ce sont 75500 m2 d’espaces perméables qui seront créés sur l’ensemble du projet des nouvelles lignes de tramway. En effet, aux 48000 m2 liés à la plateforme s’ajoutent 27000 m2 d’espaces plantés.
Le nombre d’arbustes plantés aux abords des nouvelles lignes de tramway.
"Nous mettons du végétal là où il y avait du béton"
Corinne Bouchoux, vice-présidente à la Transition écologique et aux Déplacements
Vous avez la double mission de contribuer à construire une ville et un territoire durables tout en construisant de nouvelles lignes de tramway. Est-ce compatible?
Le tramway est un outil écologique au service des déplacements dans une ville durable, en effet. Mais ce n’est pas tout. Ces nouvelles lignes B et C sont réalisées en plein conscience. Nous mettons du végétal là où il y avait du béton. Cela se traduit par de longs corridors verts, bien visibles déjà sur les boulevards Beaussier, Patton et plus encore, avenue Yolande-d’Aragon. Bien que paysagée, cette avenue était assez minérale. À Monplaisir aussi, ce long ruban vert est à comparer avec les boulevards Robert-Schuman et Henri-Dunant, tels qu’ils étaient avant.
La ville va y gagner en îlots de fraîcheur?
C’est évident et la technicité requise pour construire la plateforme sur laquelle circuleront les rames va permettre d’y abaisser la température. Sans oublier toutes les plantations qui accompagnent les abords des lignes de tramway et qui apporteront de l’ombrage. Je pense aussi aux plantations réalisées aux pieds des arbres. Là où les paysagistes mettaient auparavant du paillage, nous trouverons désormais des arbustes, des vivaces, des graminées... Autant de relais et de mini-habitats aptes à favoriser cette continuité dont a besoin la biodiversité pour se développer, au bénéfice de notre environnement.
Diriez-vous que ces nouvelles lignes de tramway accéléreront la transition écologique?
Les nouvelles lignes de tramway s’inscrivent dans notre projet de ville durable. Les usagers des transports en commun seront beaucoup plus nombreux. Les nouvelles lignes de tramway vont susciter de nouvelles habitudes dans la manière de se déplacer au quotidien, en multipliant par exemple les modes de déplacements à pied, à vélo, en bus... En parallèle, nous allons renforcer l’offre de services sur le réseau Irigo, à l’attention notamment des habitants qui sont le plus éloignés d’Angers.