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Publié le 25 avril 2019

Figure de proue en matière d’électronique et de numérique, Angers s’est engagée dans une démarche de territoire intelligent. Avec l’objectif d’optimiser les services quotidiens rendus aux habitants.

En décembre dernier, Angers Loire Métropole et la Ville d’Angers enclenchaient une nouvelle étape de leur ambition en matière de territoire intelligent. De quoi parle-t-on? "Il s’agit d’optimiser les services publics, d’améliorer la qualité de vie des citoyens et d’économiser nos ressources en s’appuyant sur les technologies", résume Constance Nebbula, élue déléguée au Numérique et à l’Innovation.

Pour mieux comprendre: les candélabres, les feux de circulation, les conteneurs, les parkings... pourront devenir communicants, permettant un ajustement en temps réel par les données qu’ils produiront. Celles-ci seront transmises à une "tour de contrôle" capable de les analyser rapidement et de renvoyer l’information suivie d’effets. Résultats: des rues désengorgées rapidement, des bennes à ordures vidées uniquement lorsqu’elles sont pleines, des parcs et des jardins arrosés seulement si la pluie n’est pas annoncée. Bref, une gestion plus efficace des services urbains.

"Le territoire intelligent s’inscrit dans une stratégie à long terme pour laquelle nous prévoyons une enveloppe de 120 millions d’euros pour les douze prochaines années*. Cette stratégie porte des enjeux forts en termes de transition écologique, poursuit l’élue. Il s’agira en effet d’économiser nos consommations et nos ressources, d’améliorer et de proposer de nouveaux services aux habitants pour rendre l’action publique plus efficace." Et à la clé bien sûr, l’optimisation des coûts de fonctionnement des services publics. "La transformation s’annonce tellement vaste qu’il est aujourd’hui périlleux d’en donner les contours. D’autant qu’un territoire intelligent se construit avec les habitants, à même d’exprimer les besoins en matière de service public", précise à son tour Franck Poquin, vice-président à l’Energie, à l’Agriculture et au Développement durable.

Quatre majors en lice

Sur la forme, Angers Loire Métropole et la Ville ont lancé, en décembre, un marché global de performance pour s’octroyer les meilleures compétences. Quatre majors du bâtiment, des travaux publics et des énergies (EDF, Vinci, Bouygues et Engie)** y ont répondu et participeront à la phase de dialogue compétitif. "Le lauréat du marché, désigné à l’automne, se verra confier la conception, la fourniture et l’exploitation d’une plateforme de monitoring urbain et de gestion des données, mais aussi la pose et la maintenance des capteurs", précise Jean-Marc Verchère, adjoint à la Ville d’Angers en charge de la Voirie, du Stationnement et des Bâtiments.

Pour inventer le quotidien de demain, Angers et son agglomération ne partent pas d’une feuille blanche. Depuis le World electronics forum et, avant cela, la labellisation French Tech du territoire et la multiplication d’expérimentations innovantes, Angers est désormais parfaitement identifiée comme place forte du numérique, de l’électronique et de l’objet connecté. Son écosystème de production, regroupé au sein du cluster We Network notamment, concentre quatre entreprises leaders en Europe (All Circuits, Asteelflash, Eolane et Lacroix Electronics). Sans oublier les startup et autres entreprises établies qui ne demandent qu’à grandir voire à passer à l’international, sous la bannière French Tech fraîchement renouvelée par l’Etat.

* Depuis l'écriture de cet article le budget global du projet a été revu et porte désormais sur un montant estimé de 150 millions sur douze ans.

** Chaque mandataire donne lieu à un groupement d’entreprises: EDF avec Citelum, Veolia Eau et Veolia Propreté; Vinci avec Cegelec IBDL, Orange et Saur; Engie avec Suez et La Poste; Bouygues avec Aximum. Lors du vote du conseil communautaire mardi 12 novembre 2019, c'est le groupement représenté par Engie qui a été retenu.

Calendrier de la démarche
  • Décembre 2018 : lancement du marché global de performance.
  • De février à juillet 2019 : 4 candidats sont retenus pour participer à la phase de dialogue compétitif ouverte jusqu’à l’été.
  • Rentrée 2019 : choix du groupement d’entreprises retenu et création d’un comité de suivi par Angers Loire Métropole avec des élus représentants de chaque commune et des conseils de citoyens de quartier d’Angers.
  • 2020 : ouverture des ateliers aux habitants pour relever les besoins en matière de relations avec les usagers et de nouveaux services publics. Un appel à manifestation d’intérêt sera lancé pour associer les entreprises locales au territoire intelligent.

Un technocampus pour structurer l’écosystème angevin

"Notre problématique aujourd’hui, c’est de trouver la taille critique pour exister face aux mastodontes étrangers et à la globalité du marché." Bruno Racault sait de quoi il parle. L’entreprise dont il a la présidence, All Circuits, est assise à la table du top 10 des sous-traitants électroniques européens (2000 salariés, 320 millions de chiffre d’affaires). Elle excelle dans l’assemblage électronique pour l’industrie automobile notamment.

Sa filiale AC Technologies, et son équipe d’ingénieurs, vient de s’installer dans le tout nouveau technocampus de l’électronique basé à la Wise’Factory à Verrières-en-Anjou. Sa mission: concevoir des produits intelligents pour des entreprises innovantes. Le lieu s’y prête grâce à la mise à disposition de matériels et de machines. L’occasion fructueuse aussi de se mêler à l’écosystème local.

"C’est tout l’enjeu de cette refondation en technocampus de l’électronique. Quatre ans après sa création ici même, la Cité de l’objet connecté a intégré notre cluster électronique du Grand Ouest pour élargir le champ des possibles sur toute la chaîne de création de valeur: de la conception à la production en plus ou moins grandes séries en passant par le prototypage, explique Sébastien Rospide, directeur de We Network. Les entreprises s’engagent dans une course à l’innovation et certaines d’entre elles choisissent de créer avec l’internet des objets des produits et services connectés toujours plus intelligents."

Le directeur général d’Eolane, Sébastien Chatelier, ne dit pas autre chose: "La révolution digitale de l’industrie électronique se fera dans les objets concrets. Nous sommes capables d’accélérer le mouvement dans le cadre de ce nouveau partenariat. Le temps où nous nous demandions quel serait le dernier survivant d’une filière moribonde est dépassé." "Et c’est bien toute la filière qui en bénéficie", insiste le président Christophe Béchu.

Un avis que partagent les leaders angevins européens tels qu’Eolane, All Circuits, Lacroix, Tronico. "Nous dépassons la notion de concurrence pour nous unir au profit de l’innovation et de la filière tout entière afin de redonner à l’industrie électronique française toute la place qui lui revient", conclut Bruno Racault.

En soutien au projet, Angers Loire Métropole attribuera à We Network 230 000 euros par an, de 2019 à 2021. La Région versa 535000 euros par an et sur la même période. S’y ajoutent 3 millions d’euros de l’Etat au titre du Plan Investissements d’Avenir.

"Le renouvellement du label French Tech est une reconnaissance"

Le 4 avril, le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, annonçait le renouvellement du label Angers French Tech. "Une vraie reconnaissance nationale et régionale pour la soixantaine d’entreprises et la structure publique d’Angers Technopole impliquées dans l’élaboration de notre dossier. Nous avons cadré la feuille de route pour les trois années à venir. Celle-ci visera à faciliter le développement des entreprises innovantes en y intégrant de la tech et à rendre notre territoire plus attractif", explique Michel Perrinet, délégué territorial d’Angers French Tech et président de la coopérative créée voici un peu plus d’un an.

A la différence du premier label attribué en 2015, le nouveau, intitulé Communauté French Tech, s’annonce davantage comme une bannière entrepreneuriale mise à disposition des entreprises innovantes et celles prêtes à passer à l’international. "Cette labellisation conforte totalement les actions que nous menons au sein de la coopérative Angers French Tech autant sur le rayonnement à l’international que sur l’action locale."

Un lieu totem

Avec le renouvellement du label, le territoire angevin est aujourd’hui particulièrement bien armé pour mener la révolution 4.0. D’un côté, le technocampus de l’électronique dédié aux industriels de la filière et à la production des produits connectés notamment; de l’autre, le label Communauté Angers French Tech et un lieu totem -Le Tiers lieu- axé sur l’innovation et l’usage du numérique. Inauguré fin février, le Tiers lieu occupe 1600m2 en centre-ville (rue Thiers) dont 1000m2 dédiés à l’hébergement d’entreprises innovantes. Des locaux occupés à ce jour à 60%. Exemple avec Parade, la filiale du groupe Eram, qui a choisi d’y installer une équipe technique "pour être au coeur d’un écosystème technologique favorable à l’éclosion de nos deux projets de chaussures connectées: Parade Connect pour l’univers de la sécurité professionnelle et E-vone pour la détection de chute des personnes fragiles et vulnérables, détaille son directeur, Franck Cherel. Le Tiers lieu va favoriser les échanges et les partenariats aptes à développer le business de demain. Cela répond à la stratégie d’innovation du groupe Eram."

Le territoire intelligent, c’est aussi l’affaire des habitants

Depuis janvier, les élus d’Angers Loire Métropole vont à la rencontre de chaque commune. "Une phase d’acculturation essentielle pour expliquer le projet, les enjeux du territoire intelligent et associer les conseils municipaux et les directeurs généraux, explique Franck Poquin, vice-président en charge de l’Energie, de l’Agriculture et du Développement durable. Le projet suscite un fort intérêt, pas mal de questions et la volonté, déjà grande, d’y participer."

Angers Loire Métropole mettra en place l’infrastructure centrale au territoire intelligent et déclinera les usages liés à ses compétences en lien avec les questions de mobilités, d’habitat, d’énergie, de gestion des déchets, d’environnement et de sécurité. Les communes pourront s’appuyer sur cette infrastructure pour identifier leurs propres besoins et développer des usages complémentaires et bénéfiques à tous les habitants. "Au cours du deuxième semestre, les usagers seront directement associés dans les communes et via les conseils des citoyens de quartier d’Angers", précise encore l’élu.