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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale l’usine des eaux des Ponts-de-Cé connaît des difficultés de production. L’écoulement de la Loire est perturbé par les débris provenant de la destruction des ponts en 1940 et 1944. En amont de l’usine, le viaduc Saint-Maurille qui soutenait la voie ferrée allant d’Angers à Poitiers est effondré et sa reconstruction n’est pas prévue. En aval, trois arches du pont Dumnacus gisent également dans le fleuve, la 3ème, la 4ème et la 7ème à partir de la rive droite. La circulation est rapidement rétablie mais les débris ne sont pas évacués et le cours du fleuve est perturbé. De plus l’Anjou subit une sècheresse importante en 1949 et la production d’eau chute à 18 000 m3 par jour alors qu’il en faudrait le double pour satisfaire la demande. La municipalité d’Angers, consciente du retard à combler, décide d’augmenter les capacités de production de l’usine des eaux des Ponts-de-Cé en construisant en 1952 quatre puits à barbacane qui sont mis en service l’année suivante. Ceux-ci sont placés en bordure de rive pour limiter au maximum les pertes de charge. Le système à barbacane permet de rallonger et de réguler le trajet de l’eau jusqu’au puits pour améliorer sa qualité. Parallèlement le lit de la Loire est corrigé : plusieurs digues sont construites par l’administration des Ponts-et-Chaussées sur la rive gauche du fleuve pour rapprocher le chenal des installations de captage située en bordure de rive droite. Les digues ont une deuxième fonction, elles permettent de modifier le trajet des eaux du fleuve de façon à ce qu’elles arrivent perpendiculairement au pont Dumnacus, diminuant ainsi les contraintes exercées sur l’ouvrage d’art. Mais en 1953 les arches du pont ne sont toujours pas débarrassées des débris de guerre qui gênent l’écoulement des eaux, et les grandes crues du printemps finissent pas provoquer une brèche dans un épi. En octobre l’arche n°7 du pont Dumnacus est enfin dégagée et l’écoulement du fleuve est de nouveau maîtrisé.

A Angers comme partout en France, le Baby Boom et le développement économique accentuent la demande en eau. En 1954, 79% des angevins disposent de l’eau courante dans leur habitation, ce qui est très inférieur à la moyenne des villes de plus de 100 000 habitants (87%). La production doit sans cesse être augmentée et en 1961 la municipalité décide de construire un nouveau puits à drains rayonnants de type Ranney à 200 mètres en amont du pont Dumnacus. Le puits se compose d’un cuvelage en béton armé de 4,90 mètres de diamètres et de 9 drains constitués de tubes d’acier perforés de 30 à 45 mètres de longueur. Un nouveau puits de même type est mis en service en 1968, avec 14 drains d’une longueur totale de 618 mètres, puis un troisième en 1972 avec 11 drains d’une longueur totale de 237 mètres. En 1970, on complète le dispositif avec neufs petits puits équipés de pompes suédoises VEDA qui ne seront exploités que durant trois ans. Les puits Ranney sont désormais ancrés directement sous le lit du fleuve, mais, s’ils permettent d’assurer la fourniture d’eau pour une demande normale, ils ne permettent toujours pas de garantir l’approvisionnement en eau à l’ensemble des habitants en cas de sécheresse prolongée. Les ingénieurs réfléchissent alors à des solutions alternatives, comme le puisage de l’eau directement dans le fleuve, puis son injection dans le réseau après un traitement beaucoup plus lourd nécessitant des infrastructures plus modernes.

L’usine des eaux des Ponts-de-Cé fournit désormais l’eau potable à de nombreux habitants de l’agglomération. Il est donc logique que la compétence de l’eau et de l’assainissement soit confiée en 1970 au jeune District urbain créé deux ans plus tôt qui regroupe Angers et neuf communes de sa périphérie. Le regroupement intercommunal permet d’augmenter les moyens et de développer de nouvelles ambitions. Face à la nouvelle pénurie d’eau qui se profile les élus décident de mettre en place le plan de modernisation de l’usine des Ponts-de-Cé élaboré en 1966. L’eau ne sera plus simplement puisée dans les puits de captages, mais une nouvelle prise d’eau va être construite pour alimenter l’usine en eau provenant directement du fleuve. Les eaux brutes ainsi pompées sont filtrées, décantées, traitées au chlore puis injectées dans le réseau. La nouvelle usine est inaugurée en 1973, la capacité de production, initialement de 40 000 m3 d’eau par jour est doublée. Trois ans plus tard, la deuxième tranche est mise en service, augmentant encore la capacité de production de 40 000 m3 d’eau par jour. La troisième tranche est livrée en 1980 et permet de porter la capacité journalière totale de production à 160 000 m3 d’eau dont 40 000 m3 en provenance des puits de captage. La modernisation de l’usine s’achève enfin dans sa première phase en 1983 avec l’adoption d’un nouveau système de potabilisation, l’ozonation.

L’agglomération se développe, la population augmente et les limites du District urbain s’étendent peu à peu. En 1995 le District compte 28 communes membres et la taille du réseau de distribution d’eau potable s’agrandit. Un nouveau réservoir de 750 m3 et une station de surpression sont construits à Feneu pour permettre l’alimentation dans de bonnes conditions des habitants du secteur nord de l’agglomération. La demande ne cesse de croître et la construction de nouveaux réservoirs et de stations de surpression se poursuit : en 2000 on détruit le château d’eau du Plessis-Macé ainsi qu’un réservoir à La Meignanne pour les remplacer par un réservoir de 1000 m3 et une station de surpression. En 2003 une nouvelle réserve de 5300 m3 et une station de pompage sont construites à Saint-Barthélémy-d’Anjou et l’année suivante, une même réserve de 5300 m3 est construite sur le secteur des Landes à Avrillé.

Les habitants de l’agglomération semblent désormais à l’abri de la pénurie d’eau pour quelques années. Mais les élus de la communauté d’agglomération, qui a succédé au District en 2001, veulent poursuivre la modernisation de l’usine des Ponts-de-Cé. En effet si la quantité semble désormais suffisante, le service des eaux veut désormais axer ses efforts vers une hausse de la sécurité et de la qualité gustative de l’eau. En effet la prise d’eau de Loire est située en aval du pont autoroutier qui enjambe la Loire, et un accident de la route entraînant une pollution du fleuve obligerait l’usine des eaux à cesser en urgence le pompage de l’eau de Loire. Les élus de la communauté décident donc de déplacer la prise d’eau en amont du pont autoroutier en 2003. Dans le même temps on modernise l’usine de traitement de l’eau en adoptant un nouveau système de purification : l’ultrafiltration. Ce système, breveté par la société Degrémont, permet de diminuer l’usage du chlore en filtrant l’eau dans des membranes qui retiennent les impuretés et les micro-organismes. La nouvelle usine est inaugurée le 25 juin 2004, elle permet désormais de produire plus de 21 millions de m3 d’eau potable par an et d’alimenter 270 000 habitants répartis sur 31 communes.

Mais le processus de modernisation des équipements et des réseaux continue. Les avancées technologiques permettent d’améliorer sans cesse la qualité de l’eau, mais les problèmes de sécheresse qui semblent s’installer dans la durée posent de nouveau le problème de la pénurie. Afin d’assurer à l’ensemble des habitants de l’agglomération une alimentation continue en eau potable, les réseaux de canalisations sont étendus et interconnectés. Les réseaux de Savennières et de La Possonnière sont ainsi rattachés au réseau d’Angers Loire Métropole en décembre 2005, opération qui a nécessité la pose de près de 10 kilomètres de canalisation. A la fin de l'année 2009, le réseau d'eau potable représente 2000 kilomètres de canalisations et 31 réservoirs et châteaux d'eau.

Cyril Bagnaud, Attaché de conservation du patrimoine