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Publié le 29 octobre 2019

Scientifiques, arboriculteurs, maraîchers, horticulteurs... Leurs témoignages ne laissent aucune place au doute: Angers demeure, avec son territoire, la capitale du végétal spécialisé.

Angel Rodriguez est le directeur général de la SA Bioplants France. Depuis 2010, l’entreprise cultive des herbes aromatiques "bio", sous serres en verre, visibles de la départementale 723, à Saint-Martin-du-Fouilloux. Trois millions de pots, commercialisés dans les moyennes et grandes surfaces et dans les magasins spécialisés sous la marque "Tout Frais Tout Bio", y sont produits chaque année. En tout, neuf à dix-sept variétés d’aromates prêts à cueillir et à manger, selon la saison, conditionnées dans un petit contenant et un emballage issus de ressources naturelles renouvelables et 100% biodégradables.

"Je viens de la recherche et même en n’étant pas originaire d’ici, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre qu’Angers était le territoire ad hoc en matière de végétal spécialisé. Le potentiel est ici, on a tout sous la main", explique le dirigeant qui a rapidement tissé des liens avec l’écosystème local comme Végépolys Valley, l’Ecole supérieure d’agricultures (ESA), Agrocampus Ouest ou encore l’institut ITEIPMAI de Chemillé. "Cet organisme est qualifié pour la recherche et le développement des plantes à parfum, médicinales et aromatiques, et il est ici, sur notre territoire", souligne-t-il.

D’ici à 2020, et "en dépit d’alternatives possibles dans la région", c’est aux Ponts-de-Cé qu’Angel a choisi d’ancrer son activité. "Je suis très attaché à ce territoire, y compris pour les compétences des femmes et des hommes qui travaillent à mes côtés en permanence (ndlr: 11 salariés auxquels viennent s’ajouter les emplois saisonniers). Pour l’instant nous sommes en location, mais aux Ponts-de-Cé nous serons chez nous. 15000m2 de serres vont y être construits par Bioplants avec le soutien de la SA Max Schwarz, la maison mère implantée en Suisse. Notre objectif sera de doubler notre production mais toujours dans cet esprit de responsabilité sociétale d’entreprise et avec la volonté de devenir une entreprise durable, au sens complet du terme." L’entreprise, qui consacre déjà 10% de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement, s’appuie sur des méthodes de production innovantes et durables. "Pas d’intrants pétrochimiques, de l’eau de pluie recyclée et des graines utilisables en agriculture biologique au profit d’une alimentation saine et sécurisée, c’est notre défi", conclut le dirigeant. En neuf ans, l’entreprise n’a cessé de voir pousser sa production et véhicule, comme beaucoup d’autres producteurs angevins, la renommée du territoire jusqu’aux consommateurs.

3 000 experts internationaux à Angers en 2022

Cette notoriété, le directeur adjoint de l’institut national de recherche agronomique (Inra) François Laurens la confirme. "Aujourd’hui, notre territoire est vraiment identifié comme LE territoire du végétal spécialisé en France, en Europe et à l’international. C’est de plus en plus marqué. Ici, nous disposons de toutes les compétences, de la recherche à la production via la formation. Ce contexte nous permet d’avoir une belle visibilité à l’international. Pour nous aussi, scientifiques, c’est fondamental. Sans quoi, nous aurions plus de mal à travailler." Avant de devenir le président du comité organisateur français du congrès mondial de l’horticulture IHC, qui se tiendra à Angers en 2022, François Laurens est avant tout un chercheur. Cette "aura" territoriale qu’il évoque pour qualifier les filières du végétal spécialisé explique certainement que le scientifique angevin soit aux manettes de deux grands programmes européens. "L’un de ces programmes, qui vise à améliorer les tests précédents la commercialisation des nouvelles variétés végétales, est parti de l’office communautaire des variétés végétales (OCVV) et du groupement d’étude et de contrôle des variétés (Geves). Ces deux organismes ont leur siège à Angers. Il n’y a pas de hasard", poursuit François Laurens.

Ce sentiment de légitimité s’est manifesté fin septembre, à l’heure de voter pour ou contre le retour du Salon du végétal à Angers, dès 2020. Pour les horticulteurs et pépiniéristes membres du Bureau horticole régional, et pour son président Thierry Browaeys, cette "légitimité" s’est transformée en unanimité pour un retour au bercail dès septembre 2020. "Plus qu’un retour, c’est surtout une nouvelle page qui s’ouvre...", se satisfait le président d’Angers Loire Métropole, Christophe Béchu.

Les Vergers de la Silve, de Vauléard à l’Asie

Et si la pomme du Val de Loire devenait la star du "sans alcool"? C’est l’heureuse expérience que vivent depuis cinq ans Sophie Lacharlotte et son conjoint, Gilles Tessier. Leur credo? Produire des pommes et les transformer en jus et pétillants signés Vergers de la Silve, du nom de leur société basée à Ecouflant. Mais pas n’importe quel jus: un jus clair, des bulles fines, le goût du fruit et rien que le goût du fruit. "Nous travaillons sur des pommes brutes de cueille, pas de calibrage mais un tri sévère au cours duquel nous ne gardons aucune pomme abîmée", précise Sophie. Sans attendre, les fruits sont pressés et le jus pasteurisé avant toute fermentation.

A la table de l’Elysée

Ce positionnement élégant vaut aux Vergers de la Silve d’être référencés dans les épiceries fines, à Paris notamment, et régulièrement cités dans la presse gastronomique. Vus au Printemps Paris Haussmann au printemps dernier, repérés à l’épicerie du chef messin Christophe Dufossé, installés aussi sur les étagères de la Maison Plisson et de la Grande Epicerie de Paris, les produits fabriqués près d’Angers ont d’ores et déjà séduit le Japon, Taiwan, Hong-Kong, Londres et s’invitent de temps à autre à la table du chef de l’Etat, à l’Elysée. "C’était bien notre souhait de travailler des produits naturels, au profit d’une alimentation saine", souligne encore celle qui compte aussi parmi les membres du Collège culinaire de France, qui regroupe chefs et producteurs.

Mais avant d’en arriver là, il faut se retourner sur les rangées de pommiers du verger de Vauléard, sur la commune de Montreuil-Juigné. "Pour parvenir à un goût équilibré pour nos jus et pétillants, nous faisons un assemblage de quatre variétés de pommes parmi la douzaine cultivée, renchérit Sophie. Il y a les variétés connues comme la granny, la gala..., et puis les variétés clubs comme la honey crunch, toutes produites sous le label ‘vergers écoresponsables’, avec les certifications Global GAP et, pour la récolte 2019, ‘haute valeur environnementale’, ce qui nous permet de travailler selon nos valeurs au profit d’une agriculture écoresponsable", conclut Sophie.

"Notre écosystème concentre toutes les compétences"

Questions à François Laurens, chercheur à l’Inra* et président du comité organisateur du congrès mondial de l’horticulture IHC 2022.

L’International Horticultural Congress (IHC) existe depuis près de cent ans. En quoi l’édition française, pour laquelle Angers a été choisie, sera-t-elle particulière?
Ce congrès réunit tous les quatre ans entre 2000 et 3000 scientifiques du monde entier autour de la question de l’horticulture qui, dans le sens anglo-saxon du terme, désigne le végétal spécialisé dans toute sa diversité: fruits et légumes, ornement, vigne, plantes à parfums, aromates... Nous souhaitons que cet événement scientifique profite également aux professionnels des filières horticoles et aux étudiants, qui seront associés aux différents temps du congrès. Ce lien est essentiel. Il permet aux scientifiques de mieux connaître les professionnels afin de répondre à leurs besoins et en même temps, de développer des recherches de très haut niveau. Il permet aussi de rester concrets et de montrer comment la recherche fondamentale peut, par exemple, aider les producteurs à répondre aux attentes des consommateurs tout en s’adaptant au changement climatique. En arboriculture par exemple, le chercheur que je suis recherche de nouvelles variétés de pommes et de poires qui doivent être de plus en plus robustes face aux maladies, pour limiter les traitements. Beaucoup d’autres sujets seront abordés durant le congrès comme l’agro-écologie, la nutrition et le bien-être, etc.

Pourquoi le choix d’Angers pour accueillir cet événement?
C’est le comité de direction de l’International society for horticultural science (ISHS) qui a retenu la candidature angevine, devant Pékin. Notre écosystème a pesé dans la balance car il est sans égal. Il est centré sur le végétal spécialisé et concentre toutes les compétences, de la recherche à la production, en passant par la formation. Ces mêmes raisons avaient d’ailleurs déjà permis à Angers de devenir pôle de compétitivité mondial du végétal spécialisé, dès 2005.

Le congrès se tiendra en août 2022 au centre de congrès. Le public y sera-t-il associé?
Le jour de l’inauguration du centre de congrès, il m’a semblé évident que c’est là que cet événement devait avoir lieu. L’ouverture sur le Jardin des plantes est majestueuse et les équipements adaptés. Cela permettra aux congressistes de découvrir Angers, de faire vivre le centre-ville et à nous, organisateurs, d’y associer les Angevins d’une manière ou d’une autre. Au-delà de la communauté scientifique et des acteurs du végétal spécialisé, ce congrès apportera une visibilité mondiale à notre territoire et sera une occasion encore de faire le zoom sur son attractivité globale, économique, touristique et horticole.

* Institut national de recherche agronomique

On l’appelle French Bolero

Prix de la "Nouveauté végétale – horticulture" décerné mi-septembre au concours Innovert, l’hortensia French Bolero a fait honneur à la profession et confirmé au territoire son titre de "première région horticole de France". Créé à Angers par les enseignants-chercheurs d’Agrocampus Ouest avec l’appui de Végépolys Valley, l’hortensia French Bolero est d’un genre radicalement différent qui a la particularité de fleurir en jardin sur ses rameaux latéraux et pas seulement à l’extrémité des tiges. Il avait déjà été primé en Allemagne en janvier, et a rejoint depuis la collection d’hortensias du château d’Angers. La nouvelle star est distribuée par l’association HW2 qui réunit cinq producteurs de Maine-et-Loire. Comme les autres variétés d’hortensias (exportées à 80% de leur production annuelle, proche des 6 millions de pots), elle va à son tour porter les couleurs du territoire à l’étranger via le label "Hortensia d’Angers, Val de Loire", créé en 2015.

En chiffres

25000

Le nombre d'emplois dans les entreprises de production du végétal spécialisé situées dans le périmètre du pôle de compétitivité mondiale Végépolys Valley.

450

Le nombre de chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens présents à Angers. La plupart exercent au sein de la structure fédérative de recherche sur la qualité et la santé du végétal (SFR Quasav). Celle-ci regroupe en effet des unités de recherche issues entre autres de l’INRA, Agrocampus Ouest, l’Ecole supérieure d’agricultures, l’Université d’Angers. Ces équipes mutualisent leurs savoir-faire et leurs moyens dans une perspective de développement durable.

3000

Le nombre d'étudiants répartis dans une cinquantaine de formations d’enseignement supérieur (BTS, licence-maîtrise-doctorat, ingénieur…). Le territoire angevin est le premier pôle de formation de France en matière de végétal. Si l’on tient compte des formations hors enseignement supérieur (bacs pro, certificats spécialisés, brevets professionnels…), on atteint une centaine de formations délivrées par une vingtaine d’établissements. ll est tout à fait possible de suivre à Angers un cursus complet de formation autour du végétal.

24000

Le nombre de visiteurs français et étrangers qui assistent chaque année au Salon international des techniques de productions végétales (Sival). Ce salon, qui se tient depuis plus de 30 ans à Angers, a attiré 45 nationalités différentes en 2019. Ce qui en fait LE rendez-vous business et innovation incontournable pour tous les professionnels des productions végétales spécialisées.